Des savoirs aux savoirs faire : l’innovation alimente un front
pionner : le lac Alaotra de 1897 à nos jours.
Le lac Alaotra, un des principaux greniers à riz de Madagascar, est un lieu d’intervention
privilégié des projets de développement depuis les années 1960. La Somalac, de 1960 a
1990 a porté son attention sur les périmètres irrigués, le projet Imamba-Ivakaka (1990-1994)
sur le foncier et le projet BV lac, depuis 2003, sur le développement intégré au niveau
bassin versant intégrant la cultures pluviales sur tanetys (collines), avec les systèmes SCV
(semis direct a couverture végétale), les zones RMME (rizières a mauvaise maitrise de l’eau)
et les périmètres irrigués (PC 15-VM). Les savoirs locaux se sont très fortement enrichis
depuis 50 ans avec de profondes mutations, déjà anciennes pour la riziculture irrigués et
plus récente pour l’agriculture pluviale. Une telle masse de « savoirs » déversés dans un
monde en pleine expansion avec une forte immigration qui caractérise une sorte de « front
pionnier » permanent avec la conquête des tanetys depuis les années 1980, pose le
problème de la différenciation entre savoirs et savoir-faire, les pratiques réelles qui en
découlent et ‘impact de ces savoirs sur les paysages et les modes de mises en valeur. Les
priorités stratégiques des producteurs, initialement centrées sur la riziculture irriguée se
modifient avec la mise en valeur des tanetys. L’intégration agriculture-élevage modifie aussi
les pratiques traditionnelles d’élevage extensif. Le zébu devient ou moyen de production et
plus seulement une forme de capitalisation.
Les dimensions locales et territorialisées des réseaux économiques paraissent effectivement
déterminants dans les processus d’innovation et le changement technique en général. La
patrimoine actuel provient d’introductions historiques multiples, essentiellement portée par
les projets de développement ce qui pose le problème du choix de l’approche des projets
actuels. Le projet BV-lac/AFD, a vocation pilote, introduit une approche bassin versant
intégrant la prise en compte des caractéristiques, complémentarités et externalités de toutes
les situations morpho-pédologiques de la parcelle irriguée la plus basse à la tanety la plus
haute. Il a aussi introduit une démarche « exploitation », centrée sur la prise en compte des
stratégies paysannes, pour la diffusion des innovations techniques ou organisationnelles,
une approche intégrant la prise en compte du foncier à travers une démarche originale de
sécurisation foncière, et enfin une approche professionnalisante des organisations de
productions sur les services à l’agriculture dont l’objectif final de développement durable est
basé sur la valorisation des ressources, des savoirs, des pratiques et des formes de
structuration des producteurs. La gestion du risque climatique et économique, l’intégration au
marché dans un pays dévasté sur le plan filière par des politiques économiques
contradictoires dans les 30 dernières années et la colonisation des tanetys avec des
changements de paradigme aussi important que les systèmes SCV constituent la trame des
processus d’innovation actuels aboutissant à une réflexion importante sur les modalités de
développement du projet en cours. Les outils et approches actuellement développés et qui
seront détaillées tentent de répondre aux enjeux d’un développement des savoir-faire et
pratiques adaptés au contexte économique (illustré par une très forte volatilité des prix) et
écologique (ou érosion et fragilité/pauvreté des sols dominent).
Mots-clés : Agriculture générale