L’agriculture de type familial est la principale activité des ménages dans la zone du
Lac Alaotra. C’est la première source d’emploi en milieu rural.
Les travaux de production agricole, et en particulier la riziculture, peuvent nécessiter le recours à de main d’œuvre extérieure sous forme de salariat agricole ou d’entraide. Dans le but de mieux connaitre et d’analyser la place du salariat agricole dans le fonctionnement des exploitations agricoles et des ménages de cette zone, des enquêtes ont été menées auprès de 140 ménages dans les districts d’Ambatondrazaka et d’Amparafaravola. 4 types de ménages ont été identifiés: des exploitations agricoles qui achètent exclusivement de la main d’œuvre extérieure, des ménages qui vendent leur force de travail, ceux qui à la fois achètent et vendent de la force du travail et ceux qui n’utilisent que la main d’œuvre familiale. Ces différents ménages ont des pratiques différentes vis-à-vis du salariat agricole, qui dépendent beaucoup des facteurs de production (terre) disponibles. Ainsi, pour
certaines exploitations, le recours aux salariés est une option obligatoire pour finir à temps les travaux agricoles, pour d’autres qui ont peu ou pas de terre cultivée, le salariat agricole constitue soit la principale source de revenu pour la famille, soit un moyen de générer un revenu complémentaire.
Le salariat agricole tient une place importante dans les moyens d’existence des ménages ruraux à Madagascar.
Evaluation multicritère de la durabilité des systèmes de culture dans la région du lac Alaotra (Madagascar):
Contextualisation du modèle MASC-Mada et évaluation de systèmes innovants pratiqués par les paysans
A Madagascar, l’agriculture a connu de multiples mutations et doit à présent se confronter à de nouveaux défis. Dans la région particulière du Lac Alaotra, considérée comme le grenier à riz de Madagascar,les mutations agricoles ont été rythmées par des changements successifs de gouvernement, par l’arrivée de migrants et par les projets d
e développement divers (étatiques ou privés) depuis 1897 (Penot, 2009). A présent, un des défis majeurs pour cette région consiste en l’augmentation de la production pour faire face à la croissance démographique. La réduction de la
pauvreté à Madagascar passe par une amélioration de la productivité agricole, la diversification des
cultures et des activités, un meilleur accès au marché tout en préservant les ressources naturelles.
Ces objectifs se retrouvent dans le concept de développement durable. Dans sa
définition la plus communément admise, introduite par le rapport Bruntland (1987) et adoptée lors de la conférence
de Rio (1992), le développement durable est caractérisé comme «un mode de développement qui
répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs» (Rio, 1992).
L’application de ce concept aux systèmes de production agricoles constitue un enjeu important, qui encourage les différents acteurs du développement à réfléchir à de nouveaux modes de culture plus durables. Dans cette optique, des systèmes innovants basés sur l’Agriculture de Conservation (AC) ont été diffusés à Madagascar.
Cela implique de considérer les mécanismes de prise de décision des paysans qui essayent d’assurer leur subsistance. La notion de subsistance en agriculture englobe l’ensemble des activités et des moyens employés par un paysan pour subvenir à ses propres besoins élémentaires et à ceux de sa famille. Un système de subsistance est durable «
s’il arrive à satisfaire les besoins actuels et à surmonter d’éventuels chocs tout en maintenant les ressources à long terme» (Nambena, 2004).
L’évaluation de la durabilité des systèmes de culture doit alors considérer la dimension environnementale mais aussi les aspects économiques et sociaux qui guident les décisions des paysans dans leur recherche de subsistance.
Le projet PEPITES (ANR SYSTERRA) a pour but de produire des connaissances sur les processus
écologiques en lien avec l’agriculture de conservation, ainsi que sur les processus d’innovation et
de diffusion. Un premier stage a été effectué en 2010 (Daudin, 2010) dans le cadre de la tâche 4 du projet
PEPITES destinée à «mettre au point des méthodes d’évaluation ex ante, multicritères et multi-acteurs, des performances de systèmes de culture innovants» (Descriptif du projet PEPITES, 2008).
Ce stage a conduit à la conception d’un modèle inspiré de l’outil d’évaluation de la durabilité des systèmes innovants du nord de l’Europe, MASC (Multi-Attribute Assessment of the Sustainability of Cropping Systems)
(Sadok et al.,2009) Ce modèle est appliqué aux systèmes de culture basés sur le riz pluvial dans le Vakinankaratra. Si cette région semble idéale pour concevoir le modèle, de par les nombreuses études qui y ont été réalisées, elle ne permet pas, en revanche, de valider les résultats avec des données paysannes vu la faible diffusion de l’agriculture de
conservation chez les agriculteurs.
Use of relevant economic indicators for the evaluation of farming systems in terms of viability, resilience, vulnerability and systainability: the case of the Lake Alaotra region in Madagascar
The WAW initiative (World Agricultures Watch) intends to elaborate a worldwide observatory
collecting information on agriculture in different countries and its
evolution. Madagascar has been chosen as one of the pilot countries.
The geographical area of the studywhich has been chosen is the lake Alaotra. The study of the notions of vulnerability, resilience, durability and viability has been the
main point concerning the choice, the calculation and the analysis of the necessary indicators
leading to the elaboration of the observatory.Three different data lines havebeen chosen:
i) The database from the ROR, with annual data from 2005 to 2008 for 500 households
ii) The database from the agricultural diagnosis BV-Lac in 2007 (110 farms) and iii)
The databasefrom RFR, with 48 farms in 2009.This paper presents some results with farming systems modeling using the two databases from the BV-lac development project showing the indicators used through the example of a technical change with adoption of conservation agriculture.
EVALUATION DES STOCKS DE CARBONE DANS LA BIOMASSE RACINAIRE DES PRINCIPALES CULTURES ET PLANTES DE COUVERTURE UTILISEES DANS LES SYSTEMES SCV AU LAC ALAOTRA (MADAGASCAR)
Les préoccupations sur le réchauffement global et l’augmentation des teneurs en gaz à effet de serre
principalement le CO2de l’atmosphère conduisent à s’interroger au rôle des biomasses végétales en
termesde puits de carbone. Cette présente étude vise à évaluer la quantité de biomasse racinaire des
cultures principales et plantes de couverture, et par suite d’évaluer le stock de carbone apporté dans le
sol par l’adoption des systèmes de culture sur couverture végétale (SCV) dans la Région du Lac Alaotra. Les échantillons de biomasses aériennes ont été prélevés par la méthode de récolte intégrale,les biomasses racinaires par la méthode du carottage(en surface et en fosse). Ceci permet d’obtenir la répartition de la densité de racine dans le profil et les quantités de biomasse. Des estimations de stock de carbone sont également entreprises ainsi que la modélisation (parle modèle de Hénin-Dupuis) de l’évolution du stock de carbone dans le sol selon le mode de gestion et la quantité des résidus restitués au sol (50 et 100 %).Les résultats obtenus montrent l’absence de différence significative des quantités des biomasses totales produites pour chaque culture entre les systèmes
sur couverture végétale (SCV) et les systèmes conventionnels de labour sans restitution des résidus (LSR). Mais cette étude nous a permis d’avoir des ordres de grandeur sur les quantités de biomasses souterraines et aériennes des cultures principales et plantes de couverture utilisées dans les SCV et celles obtenues en système LSR.
Quant au stockage de carbone, les systèmes LSR entrainent une perte de carbone dans le sol au fil du temps, ce qui n’était pas le cas des systèmes SCV, permettant son accroissement.
En fait, 25% de ses accroissements en SCV proviennent des biomasses racinaires des plantes.Ceci permet de dire que l’apport de carbone racinaire estinférieur à ceux provenant des biomasses aériennes.
Le lac Alaotra, un des greniers à riz de Madagascar, est un lieu d’intervention privilégié de la puissance publique depuis plus d’un siècle, avec une prééminence des formes d’action par les projets de développement depuis les années 1950. Parallèlement, cette région a été la terre d’accueil d’un flux ininterrompu de migrants en provenance d’autres régions malgaches, attirés par la réputation de richesse agricole et d’espace à coloniser. Projets et migrants ont ainsi introduit une masse de connaissances nouvelles sur ce «front pionnier» permanent qu’est la zone du lac. Certains de ces savoirs ont été transformés en savoir-faire techniques selon des mécanismes d’appropriation et de transformation que nous voudrions discuter ici.
L’analyse historique longue met en lumière la dimension sociale déterminante de ce processus de sélection. Elle est complétée par une observation concrète des pratiques agricoles en train de s’élaborer aujourd’hui dans différentes exploitations agricoles, en mettant en lumière les phases «d’hybridation» et d’adaptation de ces savoirs, pour qu’ils se transforment en savoir-faire techniques maîtrisés par les agriculteurs.
Nous avons choisi d’illustrer cette double temporalité dans le parcours du changement technique par le devenir de deux «innovations» emblématiques des processus de création de nouveaux savoir-faire dans la région: la mécanisation de la mise en boue des rizières et la diffusion récente des variétés de riz très robustes vis-à-vis des aléas climatiques. L’histoire de la mécanisation depuis près d’un siècle confond avec celle les stratégies des classes dominantes pour conforter leur rente foncière et des rapports de production inégalitaires.
Consevtion agriculture (CA) encompasses three components (minimal soil disturbance, permanent soil cover and crop rotations). It has been widely promulgated to smallholders throughout sub-saharan Africa and Madagascar for over ten years as a strategy to enhance crop productivity by restoring inherent soil fertility. The low adoption rates, however, spurred increased interest to better understand the challenges and constraints farmers face when implementing this technology, as affected ty regional and farm-specific factors. Parallel to this, there have been observations of partial adoption of the CA package, or so-called innovative cropping systems. This process has resulted in a heightened interest in participatory research, aiming to value existing farmer knowledge and evaluative abilities in terms of assessing potential benefits of existing agroecological practices. This study aimed to enhance our understanding of farmer perceptions of CA in the Lake Alaotra region in Madagascar though close monitoring of ten on-farm field demonstration-experiments which were initiated gy the ABACO project. The experiments were based on CA principles, and were co-designed by farmers and technicians and managed by farmers. Each design was unique and without repetitions. Results and insights from biophysical measurements, open-ended and in-depth interviews with participating farmers and participand observation were triangulated to assess how farmers' interpretations of the field experiments might affect future testing and on-farm decision making. Analysis also touched upon the interaction between CA and the social factors of knowledge sharing and gender.
Les systèmes SCV ont été ainsi introduits par l’ONG TAFA en 1998 dans la région du Lac Alaotra. La diffusion a été plus intense depuis s
on intégration au projet BV Lac (campagne 2003-2004), qui a pour vocation d’intensifier les productions agricoles pour accroitre le
revenu des paysans et de préserver les ressources naturelles de l’érosion.
Aménagement et gestion de l'espace : cas de 3 zones de gestion concertée dans le bassin versant Imamba-Ivavaka dans l'Ouest de l'Alaotra, Madagascar. Dynamisme des aménagements et recommandations (Parties2)
La géologie, le relief et l’anthropisation des tanety environnant la plaine du lac Alaotra ont
entrainé l’ensablement des bas fonds qui constitue un des problèmes majeurs affectant sa production rizicole. Les aménagements dans les ZGC (Zone de Gestion Concertée) dans le but de lutter contre ce problème ne semblent pas être favorisés par la sécurisation foncière effectuée dans chacune des zones. La présente étude se focalise sur les cas des ZGC d’Ankalampona, d’Ampasika et d’Ampasindava (Bassin versant Imamba-Ivakaka, commune Amparafaravola) dans le but d’identifier les paramètres nécessaires à l’avancement des aménagements et de voir ce qui motive les paysans à aménager les bassins versants. Durant cette étude, des enquêtes ont été réalisées auprès de 30 agriculteurs, 15 discussions collectives, ainsi que des analyses paysagères effectuées dans chaque ZGC avec des anciens
du village. Globalement, l’existence des pépinières collectives de l’association paysanne, le capital fixe et circulant que l’agriculteur possède et l’importance qu’il accorde à ses tanety sont les facteurs qui conditionnent l’avancement de
s reboisements dans les bassins versants. La motivation paysanne en matière d’aménagement et reboisement porte par ordre de priorité sur :
-les fonctions de marquage et de délimitation des parcelles assurées par les arbres ;
-l’exploitation durable des basins versants ;
-les produits du bois comme source d’énergie, de revenu et de matériaux de construction ;
-La mise en valeur des flancs des tanety ;
-La protection de la production des bas fonds entre autre la plaine du lac qui est un des objectifs des projets.
De nouvelles stratégies (en plus des celles du projet) de redynamisation et des améliorations dans des différents domaines doivent être menées dans les ZGC pour l’avancement de l’aménagement et pour que les paysans soient prédis
posés et prennent part à la recherche d’une solution à ce problème.
L’histoire mouvementée de l’évolution de l’agriculture au Lac Alaotra, principal grenier à riz de Madagascar, région à forte immigration et zone de prédilection de l’aide publique au développement, est révélatrice d’un conflit entre plusieurs types de
«temps»: le temps long de l’adoption de l’innovation, qu’elle soit technique ou institutionnelle, et de l’évolution des mentalités rurales ; et le temps finalement court des projets et des politiques de développement. Ce conflit de temporalités
a façonné une histoire agricole qui s’est construite bon an mal an entre
rive Est et rive Ouest; rizière, marais et colline; maîtrise de l’eau et gestion des espaces;agropastoralisme et agriculture-élevage; polyvalence, spécialisation et
diversification des productions rurales ;enfin enclavement et intégration aux marchés.
Ce chapitre évalue les différents systèmes de culture réellement adoptés par les paysans selon la toposéquence. Les systèmes de cultures recensés ont été classifiés suivant leurs importances
en surfaces. Les performances agronomiques et économiques de chaque type de système seront analysées dans la partie 1. La partie 2 étudie la durabilité de chaque système de culture
suivant les variations climatiques et les variations des apports en fumure organique et minérale.