Le projet vise à définir, implémenter et évaluer des stratégies d’adaptation pour des systèmes d’élevage
de ruminants aux changements environnementaux et socio-économiques, grâce à la mise à disposition
et l’utilisation d’outils de pilotage innovants, la mise en œuvre de recherches et d’expérimentations et
au renforcement des échanges de compétences au sein de six pays et régions de l’océan Indien
(Australie, Inde, Madagascar, Mozambique, Réunion (France) et Union des Comores, Figure 1). L’Afrique
du Sud n’est pas partenaire du projet Eclipse mais reste associée au réseau ARCHE_Net. En août 2021 s’est opéré un changement d’équipe de coordination. Maëva Miralles-Bruneau et JeanMarc Sadaillan reprennent la coordination suite aux départs d’Emmanuel Tillard et Marie Deresse. Cela
a généré un temps de latence dans la coordination du projet, qui a pu impacté le déroulé du programme.
La pandémie mondiale de COVID-19 a également fortement perturbée une partie des dispositifs du
projet. Heureusement, la partic
IMPACTS DU CHANGEMENT
CLIMATIQUE SUR
CERTAINES CHAÎNES
DE VALEUR DES
HAUTES TERRES ET
PROPOSITIONS DE
MESURES D’ADAPTATION :
CE QUE LA SCIENCE ET LES
EXPÉRIENCES PRÉCÉDENTES
NOUS ENSEIGNENT
Cette étude avait comme objectifs de faire le point sur les évolutions climatiques des Hautes Terres de Madagascar et leurs impacts sur les systèmes de production, et de déterminer quelles sont les pratiques de l’agriculture climatointelligente (ACI) les plus intéressantes et facile à vulgariser. Le travail confronte les perceptions des évolutions climatiques de différents acteurs du développement et du monde paysan, et de leurs
impacts, à une analyse des données climatiques du Vakinankaratra sur la période 1960-2019. Il se poursuit par l’analyse des commentaires de ces acteurs, et de documents, concernant de nombreuses pratiques.On constate une hausse importante des températures (+2,4°C depuis 1960), avec une diminution des nuits froides, une quasi-disparition du gel, et une augmentation des journées chaudes, sans températures vraiment élevées (> 35°C). Cela confirme les dires des acteurs et
explique les mauvaises floraisons des pommiers.
La pluviométrie montre une diminution de 30% (-450 mm) depuis 1960, plus forte qu’ailleurs à Madagascar, mais reste élevée (1100-1300 mm).
Cela explique la baisse des ressources hydriques hivernales qui affecte les irrigations de contresaison (pommes de terre, maraichage) et retarde la préparation des rizières. Les analyses indiquent une dégradation des conditions hydriques au
début de la saison des pluies, en accord avec les difficultés rapportées d’installation des cultures pluviales (maïs, pomme de terre, riz,
etc.). Contrairement aux ressentis il n’y a pas de modification concernant les grosses pluies ou les pauses.Les acteurs se plaignent d’une augmentation des problèmes phytosanitaires, dont la chenille légionnaire (Spodoptera frugiperda) sur maïs, le
flétrissement bactérien (Ralstonia solanearum) et le mildiou (Phytophtora infestans) sur la pomme de terre, et les « fangalabola » (Deborea malagassa) sur les pommiers, problèmes qui ne pourront qu’être accentués par l’intensification et les évolutions climatiques. Ils rapportent aussi une baisse de la fertilité des sols, en lien avec
l’exploitation de plus en plus intensive et continue (monoculture de maïs) et les faibles apports de matière organique. L’utilisation de variétés adaptées devraient permettre de répondre à de nombreux problèmes (augmentation des températures, petits aléas
hydriques, certaines maladies), et des efforts de reboisement et d’aménagement des bassins versants (haies vives, embocagements, canaux
d’infiltration) atténueront la diminution des ressources hivernales.
La baisse de la fertilité des sols impose de se tourner vers des pratiques agroécologiques avec apport dans les sols de plus de matière organique, qui seules permettront des productions durables et une meilleure résistance aux aléas hydriques et aux bioagresseurs. Parmi les pratiques à recommander on peut citer les rotations et
associations céréales-légumineuse, déjà connues mais que l’on peut améliorer, l’intégration agriculture-élevage (production fourragère par Pennisetum purpureum et Brachiaria, fumier amélioré), les composts, les plantes répulsives
(desmodium, mucuna, crotalaire), systèmes pushpull (desmodium-pennisetum) et biopesticides naturels (« adigasy ») à base de nombreuses plantes, les haies vives et embocagements multi-spécifiques, les canaux d’infiltration et les reboisements.
Resumé:
Dans le cadre de recherches de meilleures adaptations face aux changements
climatiques, la part du climat dans l’évolution des pratiques paysannes en analysant les
systèmes agraires et les économies de chaque catégorie d’exploitants a été étudiée.
Des visites sur le lieu d’étude ont été intercalées par des séances de documentation.
Des enquêtes individuelles, par groupe ainsi qu’au niveau des familles ont été réalisées. Le
projet ACCA (Adaptation aux Changements Climatiques en Afrique) nous a aidé et soutenu
matériellement et financièrement dans la réalisation de ce travail de mémoire.
La petite région de Marololo, dans le district d’Ambatondrazaka, Région Alaotra-
Mangoro a été retenue pour l’étude. La région est représentative de l’Alaotra avec ses milieux
écologiques, sociologiques et économiques.
L’histoire des systèmes agraires a évolué en cinq (5) étapes et cela en relation avec
les changements politiques se succédant à Madagascar. Le temps évolue, l’espace aussi. Le
climat présente une variabilité. Entre 1930 et 2006, la moyenne pluviométrique présente une
dimunition d’environ 350 mm. Par conséquent, les pratiques paysannes s’améliorent selon les
cadences de tous ces changements. L’évolution de ces pratiques est d’origine extrinsèque par
apport des migrants et par vulgarisation.
Actuellement, plus de vingt et deux (22) systèmes de cultures sont recensés, ils sont
en relation ou non avec les catégories d’exploitations. Toutes les plaines, les bas fonds et
baiboho sont cultivés. Environ 35% des tanety sont laissés en friches due aux dégradations de
leurs fertilités. La durée de ces friches est inconnue.
Les paysans dans la région sont divisés en neufs (9) catégories selon le niveau
d’équipementet les types de terroirs possedés. En analysant l’économie de ces exploitations ;
la vulnérabilité face aux variabilités climatiques est liée aux catégories d’éxploitation. Les
exploitations les plus nantis sont les plus vulnérables. A l’opposé les moins vulnérables sont
les plus pauvres.
En bref, les variabilités climatiques sont déterminantes dans l’évolution des pratiques
paysannes mais ils n’en sont pas les seules causes