A Madagascar, l’agriculture a connu de multiples mutations et doit à présent se confronter à de nouveaux défis. Dans la région particulière du Lac Alaotra, considérée comme le grenier à riz de Madagascar,les mutations agricoles ont été rythmées par des changements successifs de gouvernement, par l’arrivée de migrants et par les projets d e développement divers (étatiques ou privés) depuis 1897 (Penot, 2009). A présent, un des défis majeurs pour cette région consiste en l’augmentation de la production pour faire face à la croissance démographique. La réduction de la pauvreté à Madagascar passe par une amélioration de la productivité agricole, la diversification des cultures et des activités, un meilleur accès au marché tout en préservant les ressources naturelles. Ces objectifs se retrouvent dans le concept de développement durable. Dans sa définition la plus communément admise, introduite par le rapport Bruntland (1987) et adoptée lors de la conférence de Rio (1992), le développement durable est caractérisé comme «un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les leurs» (Rio, 1992). L’application de ce concept aux systèmes de production agricoles constitue un enjeu important, qui encourage les différents acteurs du développement à réfléchir à de nouveaux modes de culture plus durables. Dans cette optique, des systèmes innovants basés sur l’Agriculture de Conservation (AC) ont été diffusés à Madagascar. Cela implique de considérer les mécanismes de prise de décision des paysans qui essayent d’assurer leur subsistance. La notion de subsistance en agriculture englobe l’ensemble des activités et des moyens employés par un paysan pour subvenir à ses propres besoins élémentaires et à ceux de sa famille. Un système de subsistance est durable « s’il arrive à satisfaire les besoins actuels et à surmonter d’éventuels chocs tout en maintenant les ressources à long terme» (Nambena, 2004). L’évaluation de la durabilité des systèmes de culture doit alors considérer la dimension environnementale mais aussi les aspects économiques et sociaux qui guident les décisions des paysans dans leur recherche de subsistance. Le projet PEPITES (ANR SYSTERRA) a pour but de produire des connaissances sur les processus écologiques en lien avec l’agriculture de conservation, ainsi que sur les processus d’innovation et de diffusion. Un premier stage a été effectué en 2010 (Daudin, 2010) dans le cadre de la tâche 4 du projet PEPITES destinée à «mettre au point des méthodes d’évaluation ex ante, multicritères et multi-acteurs, des performances de systèmes de culture innovants» (Descriptif du projet PEPITES, 2008). Ce stage a conduit à la conception d’un modèle inspiré de l’outil d’évaluation de la durabilité des systèmes innovants du nord de l’Europe, MASC (Multi-Attribute Assessment of the Sustainability of Cropping Systems) (Sadok et al.,2009) Ce modèle est appliqué aux systèmes de culture basés sur le riz pluvial dans le Vakinankaratra. Si cette région semble idéale pour concevoir le modèle, de par les nombreuses études qui y ont été réalisées, elle ne permet pas, en revanche, de valider les résultats avec des données paysannes vu la faible diffusion de l’agriculture de conservation chez les agriculteurs.