Cette édition
SPECIALE N°12 du Journal de
l’Agroécologie, un numéro sur
les articles de l’atelier « Interface
Recherche Développement des
16 et 17 décembre 2020 à la
Résidence Sociale d’Antsirabe
a rassemblé
autour de l’Agroécologie les
chercheurs et les développeurs
qui parfois travaillent tous sur
le même sujet mais s’ignorent.
En effet, il est important de
capitaliser les expériences
de toutes les disciplines sur
la transition agroécologique
dans un contexte de
changement climatique,
de sécurité alimentaire, de
dégradation inquiétante de
l’environnement, de pauvreté
croissante post COVID 19.
Ce numéro spécial a aussi pour
ambition de mettre à jour les
données récentes sur les acquis
des chercheurs et les leçons
apprises des développeurs et
des producteurs en matière
d’Agroécologie, de changement
climatique, de menaces récentes
sur les productions agricoles et
de stratégie pour y faire face
comme le cas du flétrissement
bactérien sur le riz ou de la
chenille légionnaire sur le maïs.
Ce numéro aborde aussi la
destruction de l’environnement
notamment la déforestation
rapide et la menace autour
des parcs nationaux et des
aires protégées et les acquis
dans ce sens. Il aborde aussi
l’agriculture biologique, entres
autres, le système participatif
de garantie et les terroitoires à
vocation biologique
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : Comment limiter l’apparition de flétrissement bactérien causé par
Xanthomonas oryzae pv. oryzae sur le plan du contexte
agro-écologique ?
Le riz est la culture vivrière principale et constitue l’alimentation de base de la population malgache. La
culture de ce céréale traverse des nombreuses contraintes abiotiques et biotiques.
Une des maladies la plus dévastatrice du riz dans le monde est le flétrissement bactérien ou
« Bactérial Leaf Blight (BLB) » causé par Xanthomonas oryzae pv. oryzae (Xoo) qui peut entrainer une
perte de récolte allant jusqu’à plus de 70%. A Madagascar, le BLB n’a pas été recensé auparavant d’après la
prospection des maladies du riz effectuée par différentes équipes de phytopathologiste en 1985 et 2013.
Pourtant, la présence d’attaque de Xoo a été observée sur des tanety et bas fonds à Ivory (Moyen Ouest
de Vakinankaratra) par l’observation des symptômes sur les feuilles attaquées pendant la campagne
2018-2019. Des analyses moléculaires faites au laboratoire ont permis de confirmer l’apparition de BLB à
Madagascar. Durant la saison culturale 2019-2020, trois sites expérimentaux et des parcelles de producteurs
dont Antsirabe, Ivory, et Morafeno ont été touchés par cette maladie.
L’objectif de la présentation est d’analyser l’effet de la maladie sur des lignées de riz pluvial conduite dans
deux expérimentations avec plusieurs niveaux de fertilité et différentes gestions agro-écologiques. L’une
sur un essai avec 55 lignées du programme SCRiD comprenant deux conditions contrastant de fertilité F0
sans apport et FM avec fertilisation minérale. D’autre sur un essai agronomique du projet EcoAfrica sous
différents lots de traitements (quatre variétés vulgarisées, quatre doses d’inoculation mychorizienne et
quatre niveaux de fertilisation phosphatée).
Les résultats montrent que les réponses des variétés diffèrent significativement entre elles vis-à-vis du
Xoo dans les deux dispositifs expérimentaux à Ivory. L’analyse peut en déduire une perte de récolte à
cause de BLB, mais la perte dépend de la phase d’initiation de BLB. Quand la maladie apparait tôt, plus
la perte est importante. L’analyse d’attaque de BLB montre aussi que la maladie est plus sévère sur des
parcelles à fertilisation élevée par rapport aux parcelles à faible fertilisation. Les résultats avec l’inoculation
mychorizienne ne montrent aucun effet de ce facteur sur la sévérité de BLB.
Un système d’alerte a été mis en place par la formation des techniciens, agents vulgarisateurs et riziculteurs,
groupements paysan ; par la distribution des fiches et des posters et par l’explication du BLB durant la
réunion mensuelle des Maires dans les Districts de la région du Vakinankaratra afin de favoriser des
échanges d’informations permettront de cartographier les zones touchées par cette maladie.
La compréhension approfondie de l’épidémie de BLB sous différent contexte agro-éologique (par
exemple le système de culture sous couverture végétale qui réduit l’attaque de la pyriculariose, par contre
des études devraient être conduites si ce système limite ou favorise l’attaque de BLB), l’identification et
l’utilisation des variétés résistantes et l’analyse des populations du pathogène aideront beaucoup à la
formulation de la gestion de cette maladie bactériènne du riz qui constitue un nouveau danger pour la
rizicutlure à Madagascar
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 :Fertilisation dans les EA des Hautes Terres : des pratiques aux performances, quels
enseignements pour la recherche et le développement
Une étude a été menée dans le cadre du projet SECuRE afin de caractériser les pratiques de gestion
de la fertilité des sols par les exploitants agricoles familiales (EAF), d’évaluer leur niveau d’adoption
et les résultats économiques. Deux zones ont été ciblées : le Moyen Ouest de Vakinankaratra
(Mandoto) et la zone Est de l’Itasy (Arivonimamo). L’enquête a été réalisée sur un échantillon de 323
EAF, dont 152 EAF à Mandoto et 171 EAF à Arivonimamo.
L’étude a permis de faire ressortir les principales caractéristiques structurelles des EAF.
Vingt techniques susceptibles de gérer la fertilité du sol ont été pré-identifiées. Le niveau d’adoption
est très élevé dans les deux zones pour l’apport de fumure organique (FO), la rotation/association
culturale et la culture de légumineuse. Les niveaux de perceptions des paysans vis-à-vis des apports
des techniques sur la fertilité ont été évoqués.
Un focus est donné sur les apports de FO et d’engrais. La production moyenne annuelle de FO par
EAF est plus importante à Arivonimamo (2,17 t) qu’à Mandoto (1,87 t), et principalement composées
de fumier mélangé et de fumier de bovins. La quantité de FO disponible (utilisée) par ha de SAU est
de 3,5 t/ha de SAU à Arivonimamo alors qu’à Mandoto, la moyenne est de 1,7 t/ha. Une grande
majorité des EAF font des échanges (achat, vente ou troc).
A Mandoto, les producteurs ont une stratégie de fertilisation des céréales pluviales sur tanety (le riz
pluvial et le maïs reçoivent 74% de la FO disponible et 40% des engrais minéraux), avec un transfert
de fertilité des rizières vers les tanety (le fumier intègre des pailles du riz des rizières). Le riz irrigué,
ne reçoit pratiquement pas de FO et très peu d’engrais. A Arivonimamo, la situation du riz irrigué est
approximativement la même. Les cultures maraichères sont privilégiées et reçoivent 46% de la FO
et 77% des engrais. Ce sont les cultures sur de petites surfaces, exigeantes en fumure mais aussi et
surtout fortement commercialisées qui reçoivent donc l’essentiel de la fertilisation.
En matière de performance économique, en moyenne un ha cultivé produit environ 1,1 million d’Ar
à Mandoto et 1,9 million d’Ar à Arivonimamo. L’écart est lié à une meilleure valorisation des produits
et la part des productions à haut produit brut. A Mandoto, la fertilisation ne représente qu’une faible
partie des charges moyennes (13% soit 41 000 Ar/ha dont engrais achetés à 3%). A Arivonimamo,
la fumure occupe la place la plus importante avec 41% du total (soit près de 215 000 Ar/ha, dont
48 000 Ar en engrais achetés). Les répartitions des charges par culture confirment les stratégies des
EAF.
Les EA s’investissent bien dans les spéculations commerciales (en lien aux marchés et prix). Quelques
questionnements se posent : les agriculteurs ne fertilisent pas le riz sur bas-fonds, pourtant une
culture stratégique ? Est-ce lié à la question de rentabilité d’augmenter les rendements de riz ? Ou,
est-ce une pure gestion de fertilité des sols.
La fertilisation organique est une option d’intensification écologique choisie par les agriculteurs et à
pousser, mais dans un contexte difficile de diminution du cheptel.
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : Territoire à vocation biologique, un concept législatif à opérationnaliser avec les
acteurs locaux avant toute tentative de définition ?
La Loi n° 2020-003 sur l’Agriculture biologique à Madagascar promulgué le 3 juillet 2020 est
porteuse du concept de Territoire à Vocation Agriculture Biologique (TVB), présenté comme
des « Territoires dans les cadres desquels des partenariats public-privés sont encouragés pour
faciliter le développement de la production biologique, et ce notamment dans les périphéries
des aires protégées, les zones à forte propension à l’Agriculture biologique, ou encore les
zones péri-urbaines au potentiel identifié pour l’approvisionnement des marchés domestiques
notamment en produits biologiques frais. »
Même s’il fait écho à d’autres initiatives de développement de projets alimentaires territoriaux
par le monde, ce concept succinctement défini dans la loi trouve ses racines à Madagascar dans
la volonté initiale des opérateurs de l’exportation à réduire, voire supprimer, les sources de
contamination des productions biologiques dans les terroirs de production concernés. Mais les
débats menés au moment de l’élaboration de la loi ont montré aux différentes parties prenantes
l’intérêt d’ouvrir le concept à une diversité de situations potentielles, telles qu’évoquées dans la
loi, pour de multiples bénéfices environnementaux, socioéconomiques et sanitaires.
Avant toute définition approfondie - et dès lors prématurée - de ce concept, il s’agit avant tout
de mettre en place des opérations pilote reposant sur un certain nombre de principes à discuter
et valider collectivement. Dès lors, il s’agira de tester dans ces différents contextes comment
allier le développement des filières biologiques et des territoires afin d’alimenter les réflexions
politiques en cours sur la définition des territoires à vocation biologique à Madagascar.
L’ambition est de montrer comment le dialogue entre les différentes catégories d’acteurs –
collectivités, entreprises, producteurs et leurs organisations, services techniques - et les
dynamiques partenariales peuvent créer un effet de levier pour le développement d’un
territoire et contribuer au développement d’une agriculture rentable, socialement inclusive,
contribuant à la préservation de l’environnement et des ressources naturelles et générant des
produits alimentaires de qualité et compétitifs sur les marchés internationaux et domestiques.
A terme, idéalement, il s’agirait de mutualiser et de confronter les différents référentiels
techniques existant à Madagascar à travers des processus de capitalisation et de mise en
débat des différentes expériences d’accompagnement des producteurs et de développement
des chaines de valeur agroécologiques et biologiques à l’échelle des territoires pour définir
les critères, le cahier des charges, les mécanismes de contrôle et les dispositifs de suivi qui
pourraient être constitutifs d’un futur label « territoire à vocation biologique».
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : Les enjeux de la gestion des feux et de la productivité agricole dans les zones
périphériques du Parc National Ankarafantsika, Région Boeny,
Madagascar
La désertification, ainsi que le changement climatique et la perte de biodiversité ont été
identifiés parmi les plus grands défis pour le développement durable au cours du Sommet
de la Terre à Rio en 1992. Malgré cette reconnaissance, les trois Conventions cadre de Rio
(respectivement sur les changement climatiques, sur la diversité biologique et sur la lutte
contre la désertification) présentent des orientations de mise en oeuvre parallèles malgré des
évidences de synergies de mise en oeuvre au niveau local.
Notre étude s’intéresse particulièrement à un approfondissement de ces intéractions
entre les zones périphériques et le Parc National Ankarafantsika dans la Région Boeny. Le
PN Ankarafantsika fait partie du Réseau National des Aires Protégées géré par Madagascar
National Parks (MNP). Il a été l’une des premières Aires Protégées de Madagascar avec le
décret de classement du 31 Décembre 1927 comme Réserve Naturelle Intégrale (RNI) N°7.
En 2002, cette RNI (reclassée en 1966) et les réserves forestières aux alentours (créées en
1929) ainsi que la Station forestière d’Ampijoroa (1999) sont toutes regroupées dans un PN
(décret N°2002-798 du 07 août 2002) et qui subit une extension en 2015 (décret N°2015-730
du 21 avril 2015) pour couvrir une superficie totale de 136 513 ha. Néanmoins, les pressions
demeurent multiples et particulièrement connues dans la zone. Les feux de pâturage, la
recherche de nouvelles terres pour l’agriculture, la collecte de tubercules et de fibres, la chasse
et le braconnage, la coupe illicite de bois sont connus pour être les grandes menaces majeures
liées à des actions de populations vivant aux alentours du PN (migrant ou non migrant) et de
demandes plus larges (approvisionnement en bois et en charbon de la ville de Mahajanga par
exemple).
L’approche se base sur une analyse de la dynamique de l’occupation des sols sur trois époques
d’observation (2008, 2014 et 2018) à partir d’images Landsat 5 et 8 afin de développer des
modèles d’évolution pour les années 2025, 2030 et 2035 et de mesurer ainsi les impacts
possibles des efforts de gestion durable des terres. Pour cela, plusieurs indicateurs ont été
évalués notamment les surfaces brulées mensuelles extraites à l’aide d’indices spectraux
(NBR ou Normalized Burn Ratio et BAI ou Burned Area Index issus des images Landsat 8),
les itinéraires techniques des systèmes de production, le taux de carbone organique des sols
des parcelles utilisées, les formes de sécurisation foncière et l’excédent brut d’exploitation
issus d’une campagne de collecte d’échantillon de sols et d’enquête auprès des paysans
propriétaires/utilisateurs.Les résultats montrent de manière évidente les pertes de productivité
en lien avec des pratiques intensives de feux, entrainant des substitutions d’utilisation vers des
terres plus fertiles généralement dans le Parc National. La modélisation montre par contre le
rôle potentiel d’une gestion plus durable des terres, notamment une gestion plus maîtrisée
des feux, sur une amélioration à la fois des excédents bruts d’exploitation des paysans, mais
également de l’augmentation des surfaces forestières existantes.
A Madagascar, l’accès à des semences de qualité représente un enjeu de taille pour les paysans :
ces derniers font souvent face à des semences à faible taux de germination, de qualité
sanitaire insuffisante et l’approvisionnement en semences reste encore incertain et variable
d’une commune à une autre. Les enjeux face à la production de semences sont nombreux :
• Améliorer la sécurité et la souveraineté alimentaire
• Faciliter l’accès à des semences diversifiées et de qualités pour tous les paysans.
• Diversifier les variétés et espèces cultivées, pour conserver la richesse génétique naturelle
et obtenir des semences adaptées aux territoires malagasy.
• Contribuer au développement du secteur agricole et d’une filière semences malagasy de
qualité.
Au sein du Relais Madagasikara, l’Agriferme et plus particulièrement l’activité Imahavokatsa
répond à ce contexte : l’objectif est de produire des semences biologiques variées, de
qualité et reproductibles, afin de les vendre aux paysans malgaches en favorisant leur
autonomisation. Aujourd’hui des semences « certifiables » sont commercialisées : les
variétés sont produites suivant les règles du SOC (pas d’association de cultures, processus de
préservation de la pureté variétale…), et pourraient donc être certifiées. Elles sont produites
avec un itinéraire technique biologique inspiré de la permaculture avec la culture sur butte
et le paillage, mais avec un apport en compost et un désherbage manuel.
Nous pouvons également imaginé deux autres types de semences :
• Semences sélectionnées à l’Agriferme pour leur rusticité : il s’agirait de semences
libres de droit car issues de sélection naturelle sur le site même de l’Agriferme à partir
de semences non certifiées. Elles sont reproductibles mais ne présentent pas de
caractéristiques fixées : elles sont dites « évolutives », c’est à dire qu’elles s’adaptent
aux conditions du milieu dans lequel elle se développent. L’objectif est alors de
produire (au bout de plusieurs générations) des semences résistantes dans les conditions
naturelles du site (sans compost, ni arrosage, ni travail du sol,...), celles-ci représentant les
conditions auxquelles sont confrontés de nombreux paysans à Madagascar. Cette pratique
correspond totalement à la démarche de la permaculture, car elle se base sur l’écosystème
naturellement présent
• Semences certifiées biologique : il s’agirait de répondre aux demandes de plus en plus
nombreuses autour de l’agriculture biologique et de s’inscrire dans le cadre de la stratégie
national pour l’agriculture biologique, à améliorer la qualité des produits présents sur les
marchés locaux et à améliorer les intrants locaux proposés aux producteurs.
Actuellement, l’activité Imahavokatsa a encore besoin de fortifier ces acquis et d’améliorer
ses process de production et de conditionnement pour assurer la stabilité de ses semences.
Des projets à venir autour de contrat semencier avec des OP d’Isandra sont en cours de
réflexion. Dans un second temps, l’Agriferme sera à même de fournir à ces agriculteurs une
formation complète sur la production de semences reproductibles, à travers son centre de
démonstration.
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : Les mélanges variétaux pour améliorer la résilience des productions
agricoles au service de la sécurité alimentaire
A Madagascar, le riz est l’aliment de base de la population, traditionnellement cultivé en irrigué.
Mais vu le contexte de saturation des bas-fonds et d’augmentation de la population, la pratique
des cultures pluviales devient de plus en plus nécessaire. Sur les Hautes Terres du Vakinankaratra, la
culture du riz pluvial a été proposée comme une solution pour accroitre la production de riz des petits
producteurs. Cependant les rendements moyens paysans en riz pluvial restent faibles (aux environs
de 1t/ha) car ils subissent de nombreuses contraintes biotiques et abiotiques, qui souvent agissent
en synergie rendant plus vulnérables les cultures et limitant leurs capacités de tamponner les aléas
climatiques. Dans ce contexte d’écosystèmes paysans variables et soumis à diverses contraintes on
peut considérer que l’uniformité génétique dans les paysages au sein des parcelles est un facteur de
vulnérabilité potentiel des cultures. Pour limiter cette vulnérabilité des solutions « agroécologiques »
inspirées par le fonctionnement des écosystèmes naturels peuvent être proposées. La mise en place
d’une diversité variétale au sein des champs est une piste intéressante s’inscrivant dans l’optique de
l’intensification agro-écologique. L’objectif de la présentation est de donner un aperçu sur l’intérêt
des mélanges variétaux comme option de résilience variétale aux contraintes du milieu et de discuter
des applications possibles dans le cadre de la riziculture pluviale à Madagascar.
Par principe les mélanges variétaux augmentent la diversité variétale au sein des parcelles, et donc
de l’agrosystème, et génèrent des interactions diverses entres plantes. Parmi ces interactions, des
relations positives se font par complémentarité dues aux différences phénotypiques ou génotypiques
entre les plantes en mélange. Elles peuvent faciliter l’acquisition des ressources et leurs utilisations.
Une interaction positive par entraide peut aussi s’effectuer entre deux plantes en cas de pression
biotique par modification de leur immunité et celle de leurs voisins. Par exemple pour faire face aux
pressions biotiques, à l’exemple de la pyriculariose, les mélanges entre variétés sensibles et résistantes
permettent d’atténuer les effets de la maladie. On considère que cinq mécanismes peuvent intervenir
dans ce cas : l’effet de dilution, l’effet de barrière, la résistance induite, la sélection disruptive et
l’effet de compensation. Quant aux aléas climatiques et aux stress dus aux conditions du milieu, des
effets d’échantillonnage ou de sélection de variétés adaptées aux conditions peuvent tamponner
les effets. Par effet de compensation, les rendements des variétés sensibles aux conditions du
milieu peuvent être compensés par ceux des variétés plus résistantes. De ces effets, des retombées
agronomiques telles que les stabilités des productions peuvent être attendues sur les champs. Des
augmentations de la production sont aussi mentionnées par certains auteurs. Elaborer une stratégie
de diversification génétique et aller jusqu’à pouvoir identifier des « idéotypes d’assemblage » à partir
de ces interactions sont des fronts de recherche utiles pour le développement de la riziculture dans la
région. Cette stratégie permet aussi de faire face aux dégâts imprévisibles du changement climatique
tout en assurant une stabilité de production pour les producteurs.
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : Capitalisation de quelques expériences paysannes dans la mise à l’échelle de
l’agro-écologie
Experts des réalités sociotechniques de leur milieu, les paysans se livrent des fois à des expériences
tendant à adapter les connaissances agro-écologiques acquises auprès des formateurs. Réussis,
les résultats de ces adaptations se diffusent de paysans à paysans mais se limitent à quelques
villages près de celui au niveau duquel elles ont été découvertes. La capitalisation et la mise
en commun de ces acquis pourrait être un atout dans la diffusion de l’agro-écologie au niveau
local. De plus, les effets positifs des visites échanges organisées sur la diffusion des techniques
innovantes ont encore été vérifiés dans le cadre du projet Manitatra II.
Conscients des contraintes intrinsèques à leur environnement, les paysans développent des
innovations afin d’assurer le succès de leur adoption :
Dans le Vakinankaratra, l’association des plants d’arbre avec des cultures vivrières (arachide, pois
de terre, manioc) permet de valoriser un terrain qui vient d’être boisé pendant au moins trois
saisons. Les paysans sont beaucoup plus motivés à entretenir une parcelle où il y a des cultures
vivrières par rapport à des parcelles de reboisement en pure. Ces soins assurent une croissance
rapide aux plants d’arbre. Les parcelles sont aussi protégées contre le feu et la divagation. En
Androy, il arrive que les paysans aspergent les plants d’arbre avec du purin afin de les protéger
des ruminants qui des fois les broutent avec les herbes.
Afin de garantir une couverture permanente du sol, il est nécessaire de dérober les cultures
conventionnelles à cycle court avec des plantes couvrantes annuelles comme le mucuna. Avant, il
a été préconisé d’introduire le mucuna durant la phase de maturation des légumineuses comme
le soja, le niébé ou le haricot. Or, il est connu que l’intérêt que procure le mucuna dépend de la
densité de sa biomasse. Ainsi, il a été démontré que la mise en dérobée juste après la formation
des gousses permet au mucuna d’avoir une plus longue phase végétative et ainsi d’assurer une
bonne couverture du sol après la récolte des autres cultures. Il a été aussi constaté que les
touffes de mucuna maîtrisent bien les plantes envahissantes comme l’Acanthospermum austral
(tangongo) en l’empêchant de produire des graines.
Concernant l’association riz pluvial au cajanus, on a constaté que la période d’installation du
cajanus ne devrait pas être la même sur les hautes terres (1300 – 1600 m d’altitude) que dans
le Moyen Ouest de Vakinankaratra (500 – 1500 m d’altitude). Dans le Moyen Ouest, le cajanus
installé après le deuxième sarclage du riz (fin janvier – mi-février) donne de bonne biomasse
après la récolte du riz. Par contre, sur les hautes terres où il fait beaucoup plus froid, les plants de
cajanus installé à la même période restent chétifs et sans biomasse. A partir de ces observations
effectuées au niveau paysane, il est préférable, en plus de jouer sur les écartements des lignes
de semis, d’habiller les parcelles de riz de la haute terre, plus tôt, vers mi-janvier.