Cette édition
SPECIALE N°12 du Journal de
l’Agroécologie, un numéro sur
les articles de l’atelier « Interface
Recherche Développement des
16 et 17 décembre 2020 à la
Résidence Sociale d’Antsirabe
a rassemblé
autour de l’Agroécologie les
chercheurs et les développeurs
qui parfois travaillent tous sur
le même sujet mais s’ignorent.
En effet, il est important de
capitaliser les expériences
de toutes les disciplines sur
la transition agroécologique
dans un contexte de
changement climatique,
de sécurité alimentaire, de
dégradation inquiétante de
l’environnement, de pauvreté
croissante post COVID 19.
Ce numéro spécial a aussi pour
ambition de mettre à jour les
données récentes sur les acquis
des chercheurs et les leçons
apprises des développeurs et
des producteurs en matière
d’Agroécologie, de changement
climatique, de menaces récentes
sur les productions agricoles et
de stratégie pour y faire face
comme le cas du flétrissement
bactérien sur le riz ou de la
chenille légionnaire sur le maïs.
Ce numéro aborde aussi la
destruction de l’environnement
notamment la déforestation
rapide et la menace autour
des parcs nationaux et des
aires protégées et les acquis
dans ce sens. Il aborde aussi
l’agriculture biologique, entres
autres, le système participatif
de garantie et les terroitoires à
vocation biologique
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : Capitalisation de quelques expériences paysannes dans la mise à l’échelle de
l’agro-écologie
Experts des réalités sociotechniques de leur milieu, les paysans se livrent des fois à des expériences
tendant à adapter les connaissances agro-écologiques acquises auprès des formateurs. Réussis,
les résultats de ces adaptations se diffusent de paysans à paysans mais se limitent à quelques
villages près de celui au niveau duquel elles ont été découvertes. La capitalisation et la mise
en commun de ces acquis pourrait être un atout dans la diffusion de l’agro-écologie au niveau
local. De plus, les effets positifs des visites échanges organisées sur la diffusion des techniques
innovantes ont encore été vérifiés dans le cadre du projet Manitatra II.
Conscients des contraintes intrinsèques à leur environnement, les paysans développent des
innovations afin d’assurer le succès de leur adoption :
Dans le Vakinankaratra, l’association des plants d’arbre avec des cultures vivrières (arachide, pois
de terre, manioc) permet de valoriser un terrain qui vient d’être boisé pendant au moins trois
saisons. Les paysans sont beaucoup plus motivés à entretenir une parcelle où il y a des cultures
vivrières par rapport à des parcelles de reboisement en pure. Ces soins assurent une croissance
rapide aux plants d’arbre. Les parcelles sont aussi protégées contre le feu et la divagation. En
Androy, il arrive que les paysans aspergent les plants d’arbre avec du purin afin de les protéger
des ruminants qui des fois les broutent avec les herbes.
Afin de garantir une couverture permanente du sol, il est nécessaire de dérober les cultures
conventionnelles à cycle court avec des plantes couvrantes annuelles comme le mucuna. Avant, il
a été préconisé d’introduire le mucuna durant la phase de maturation des légumineuses comme
le soja, le niébé ou le haricot. Or, il est connu que l’intérêt que procure le mucuna dépend de la
densité de sa biomasse. Ainsi, il a été démontré que la mise en dérobée juste après la formation
des gousses permet au mucuna d’avoir une plus longue phase végétative et ainsi d’assurer une
bonne couverture du sol après la récolte des autres cultures. Il a été aussi constaté que les
touffes de mucuna maîtrisent bien les plantes envahissantes comme l’Acanthospermum austral
(tangongo) en l’empêchant de produire des graines.
Concernant l’association riz pluvial au cajanus, on a constaté que la période d’installation du
cajanus ne devrait pas être la même sur les hautes terres (1300 – 1600 m d’altitude) que dans
le Moyen Ouest de Vakinankaratra (500 – 1500 m d’altitude). Dans le Moyen Ouest, le cajanus
installé après le deuxième sarclage du riz (fin janvier – mi-février) donne de bonne biomasse
après la récolte du riz. Par contre, sur les hautes terres où il fait beaucoup plus froid, les plants de
cajanus installé à la même période restent chétifs et sans biomasse. A partir de ces observations
effectuées au niveau paysane, il est préférable, en plus de jouer sur les écartements des lignes
de semis, d’habiller les parcelles de riz de la haute terre, plus tôt, vers mi-janvier.