Cette publication a été réalisée avec le soutien financier de l’Union européenne et du Ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Son contenu relève de la seule responsabilité de la GIZ et ne reflète pas nécessairement l‘opinion de l’Union européenne et du Ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ).
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : Territoire à vocation biologique, un concept législatif à opérationnaliser avec les
acteurs locaux avant toute tentative de définition ?
La Loi n° 2020-003 sur l’Agriculture biologique à Madagascar promulgué le 3 juillet 2020 est
porteuse du concept de Territoire à Vocation Agriculture Biologique (TVB), présenté comme
des « Territoires dans les cadres desquels des partenariats public-privés sont encouragés pour
faciliter le développement de la production biologique, et ce notamment dans les périphéries
des aires protégées, les zones à forte propension à l’Agriculture biologique, ou encore les
zones péri-urbaines au potentiel identifié pour l’approvisionnement des marchés domestiques
notamment en produits biologiques frais. »
Même s’il fait écho à d’autres initiatives de développement de projets alimentaires territoriaux
par le monde, ce concept succinctement défini dans la loi trouve ses racines à Madagascar dans
la volonté initiale des opérateurs de l’exportation à réduire, voire supprimer, les sources de
contamination des productions biologiques dans les terroirs de production concernés. Mais les
débats menés au moment de l’élaboration de la loi ont montré aux différentes parties prenantes
l’intérêt d’ouvrir le concept à une diversité de situations potentielles, telles qu’évoquées dans la
loi, pour de multiples bénéfices environnementaux, socioéconomiques et sanitaires.
Avant toute définition approfondie - et dès lors prématurée - de ce concept, il s’agit avant tout
de mettre en place des opérations pilote reposant sur un certain nombre de principes à discuter
et valider collectivement. Dès lors, il s’agira de tester dans ces différents contextes comment
allier le développement des filières biologiques et des territoires afin d’alimenter les réflexions
politiques en cours sur la définition des territoires à vocation biologique à Madagascar.
L’ambition est de montrer comment le dialogue entre les différentes catégories d’acteurs –
collectivités, entreprises, producteurs et leurs organisations, services techniques - et les
dynamiques partenariales peuvent créer un effet de levier pour le développement d’un
territoire et contribuer au développement d’une agriculture rentable, socialement inclusive,
contribuant à la préservation de l’environnement et des ressources naturelles et générant des
produits alimentaires de qualité et compétitifs sur les marchés internationaux et domestiques.
A terme, idéalement, il s’agirait de mutualiser et de confronter les différents référentiels
techniques existant à Madagascar à travers des processus de capitalisation et de mise en
débat des différentes expériences d’accompagnement des producteurs et de développement
des chaines de valeur agroécologiques et biologiques à l’échelle des territoires pour définir
les critères, le cahier des charges, les mécanismes de contrôle et les dispositifs de suivi qui
pourraient être constitutifs d’un futur label « territoire à vocation biologique».
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : Les enjeux de la gestion des feux et de la productivité agricole dans les zones
périphériques du Parc National Ankarafantsika, Région Boeny,
Madagascar
La désertification, ainsi que le changement climatique et la perte de biodiversité ont été
identifiés parmi les plus grands défis pour le développement durable au cours du Sommet
de la Terre à Rio en 1992. Malgré cette reconnaissance, les trois Conventions cadre de Rio
(respectivement sur les changement climatiques, sur la diversité biologique et sur la lutte
contre la désertification) présentent des orientations de mise en oeuvre parallèles malgré des
évidences de synergies de mise en oeuvre au niveau local.
Notre étude s’intéresse particulièrement à un approfondissement de ces intéractions
entre les zones périphériques et le Parc National Ankarafantsika dans la Région Boeny. Le
PN Ankarafantsika fait partie du Réseau National des Aires Protégées géré par Madagascar
National Parks (MNP). Il a été l’une des premières Aires Protégées de Madagascar avec le
décret de classement du 31 Décembre 1927 comme Réserve Naturelle Intégrale (RNI) N°7.
En 2002, cette RNI (reclassée en 1966) et les réserves forestières aux alentours (créées en
1929) ainsi que la Station forestière d’Ampijoroa (1999) sont toutes regroupées dans un PN
(décret N°2002-798 du 07 août 2002) et qui subit une extension en 2015 (décret N°2015-730
du 21 avril 2015) pour couvrir une superficie totale de 136 513 ha. Néanmoins, les pressions
demeurent multiples et particulièrement connues dans la zone. Les feux de pâturage, la
recherche de nouvelles terres pour l’agriculture, la collecte de tubercules et de fibres, la chasse
et le braconnage, la coupe illicite de bois sont connus pour être les grandes menaces majeures
liées à des actions de populations vivant aux alentours du PN (migrant ou non migrant) et de
demandes plus larges (approvisionnement en bois et en charbon de la ville de Mahajanga par
exemple).
L’approche se base sur une analyse de la dynamique de l’occupation des sols sur trois époques
d’observation (2008, 2014 et 2018) à partir d’images Landsat 5 et 8 afin de développer des
modèles d’évolution pour les années 2025, 2030 et 2035 et de mesurer ainsi les impacts
possibles des efforts de gestion durable des terres. Pour cela, plusieurs indicateurs ont été
évalués notamment les surfaces brulées mensuelles extraites à l’aide d’indices spectraux
(NBR ou Normalized Burn Ratio et BAI ou Burned Area Index issus des images Landsat 8),
les itinéraires techniques des systèmes de production, le taux de carbone organique des sols
des parcelles utilisées, les formes de sécurisation foncière et l’excédent brut d’exploitation
issus d’une campagne de collecte d’échantillon de sols et d’enquête auprès des paysans
propriétaires/utilisateurs.Les résultats montrent de manière évidente les pertes de productivité
en lien avec des pratiques intensives de feux, entrainant des substitutions d’utilisation vers des
terres plus fertiles généralement dans le Parc National. La modélisation montre par contre le
rôle potentiel d’une gestion plus durable des terres, notamment une gestion plus maîtrisée
des feux, sur une amélioration à la fois des excédents bruts d’exploitation des paysans, mais
également de l’augmentation des surfaces forestières existantes.
A Madagascar, l’accès à des semences de qualité représente un enjeu de taille pour les paysans :
ces derniers font souvent face à des semences à faible taux de germination, de qualité
sanitaire insuffisante et l’approvisionnement en semences reste encore incertain et variable
d’une commune à une autre. Les enjeux face à la production de semences sont nombreux :
• Améliorer la sécurité et la souveraineté alimentaire
• Faciliter l’accès à des semences diversifiées et de qualités pour tous les paysans.
• Diversifier les variétés et espèces cultivées, pour conserver la richesse génétique naturelle
et obtenir des semences adaptées aux territoires malagasy.
• Contribuer au développement du secteur agricole et d’une filière semences malagasy de
qualité.
Au sein du Relais Madagasikara, l’Agriferme et plus particulièrement l’activité Imahavokatsa
répond à ce contexte : l’objectif est de produire des semences biologiques variées, de
qualité et reproductibles, afin de les vendre aux paysans malgaches en favorisant leur
autonomisation. Aujourd’hui des semences « certifiables » sont commercialisées : les
variétés sont produites suivant les règles du SOC (pas d’association de cultures, processus de
préservation de la pureté variétale…), et pourraient donc être certifiées. Elles sont produites
avec un itinéraire technique biologique inspiré de la permaculture avec la culture sur butte
et le paillage, mais avec un apport en compost et un désherbage manuel.
Nous pouvons également imaginé deux autres types de semences :
• Semences sélectionnées à l’Agriferme pour leur rusticité : il s’agirait de semences
libres de droit car issues de sélection naturelle sur le site même de l’Agriferme à partir
de semences non certifiées. Elles sont reproductibles mais ne présentent pas de
caractéristiques fixées : elles sont dites « évolutives », c’est à dire qu’elles s’adaptent
aux conditions du milieu dans lequel elle se développent. L’objectif est alors de
produire (au bout de plusieurs générations) des semences résistantes dans les conditions
naturelles du site (sans compost, ni arrosage, ni travail du sol,...), celles-ci représentant les
conditions auxquelles sont confrontés de nombreux paysans à Madagascar. Cette pratique
correspond totalement à la démarche de la permaculture, car elle se base sur l’écosystème
naturellement présent
• Semences certifiées biologique : il s’agirait de répondre aux demandes de plus en plus
nombreuses autour de l’agriculture biologique et de s’inscrire dans le cadre de la stratégie
national pour l’agriculture biologique, à améliorer la qualité des produits présents sur les
marchés locaux et à améliorer les intrants locaux proposés aux producteurs.
Actuellement, l’activité Imahavokatsa a encore besoin de fortifier ces acquis et d’améliorer
ses process de production et de conditionnement pour assurer la stabilité de ses semences.
Des projets à venir autour de contrat semencier avec des OP d’Isandra sont en cours de
réflexion. Dans un second temps, l’Agriferme sera à même de fournir à ces agriculteurs une
formation complète sur la production de semences reproductibles, à travers son centre de
démonstration.
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : De nouvelles variétés de patate douce à chair orange pour la lute contre
la malnutrition
La malnutrition chronique affecte la majorité des Régions de Madagascar. En effet,
même dans les zones a vocation agricole comme le Vakinankaratra, on enregistre plus
de 46% d’enfants de moins de cinq ans qui en sont atteints, selon les chiffres présentés
par l’ONN. Or la promotion de la consommation d’aliments bio fortifiés comme la
patate douce à chair orange, riche en vitamine A, pourrait contribuer grandement à
résoudre ce problème. De plus, la patate douce est une plante rustique, qui résiste à
la sécheresse et s’adapte également même sur des sols pauvres. Plus d’une dizaine de
variétés de patate douce a chair orange ont été sélectionnées à Madagascar a cause
de leur adaptation dans les différentes zones agroecologiques et leur rendement qui
dépassent les 20 tonnes à l’hectare. Les dernières sélections ont tenu compte des
préférences des consommateurs locaux qui optent plus sur les variétés de patate
douce sucrées et ayant une chair ferme. Ainsi, dans cet article seront présentées les
caractéristiques des meilleures variétés a chair orange comme Donga, Bora, Manja,
Ejumula et Ukerewe. Les quelques facteurs limitant l’adoption de ces nouvelles
variétés prometteuses et les efforts dans leur promotion pour contribuer à réduire la
malnutrition sont abordées.
Depuis 2017, Coeur de Forêt met en place des expérimentations sur le site d’Ibity. L’association
souhaite développer des modèles de culture en accord avec les principes de l’agroécologie. Ces
modèles sont centrés autour de la production de Citronnelle et de Géranium mais ont également
pour objectif la revalorisation des terrains dégradés. Le modèle Coeur de Forêt s’oppose aux
plantations de Plantes Aromatiques et Médicinales (PAM) en monoculture. C’est pourquoi toutes
nos expérimentations associent les PAM à des cultures annuelles voire à des arbres.
Trois expérimentations sont en place et une quatrième voit le jour : une expérimentation sur
les associations de culture, une expérimentation agroforestière ainsi qu’une expérimentation
fertilisation. La quatrième, concernant l’application de Bois Raméal Fragmenté, débutera début
décembre. Par soucis de temps, nous ne présenterons que les résultats issus des expérimentations
autour du géranium. Nos expérimentations sont en cours, les résultats ne sont donc absolument
pas définitifs.
• La recherche sur les associations de cultures repose sur l’hypothèse que des interactions
positives peuvent s’établir entre différentes espèces cultivées sur une même parcelle. Nous
avons donc testé quatre cultures annuelles associées au Géranium (Haricot, Tagète, Arachide,
et Soja) avec et sans rotation. Les résultats observés sont les suivants. La rotation des cultures
associées est significativement supérieure aux modalités sans rotation (440g/pied contre
265g/pied sans rotation). La productivité du Géranium parait significativement supérieure
lorsqu’il est associé (294.81g/pied contre 162g/pied en monoculture). De plus une première
approximation du Land Equivalent Ratio est très concluante, elle attend néanmoins d’être
scientifiquement confirmée sur toute la campagne 2020.
• L’expérimentation agroforestière associe les PAM avec différents arbres : Filao, Issa, Acacia,
Pommier et Tephrosia afin de comparer les potentiels mécanismes de facilitation pouvant
avoir lieu. Le Géranium est cultivé entre les arbres ainsi que du Haricot en inter-rang. La culture
du Géranium sous couvert arboré semble statistiquement plus performante qu’uniquement
associée au Haricot (452g/pied contre 232g/pied hors agroforesterie). L’association avec
le Filao montre des résultats significativement supérieurs aux autres modalités (750g/p en
moyenne, soit un facteur de plus de 3).
• Afin d’optimiser les rendements, une expérimentation concernant la fertilisation a été mené à Ibity.
Plusieurs fertilisants organiques ont donc été apportés aux cultures de Géranium: du compost
solide, du compost liquide, du Guanomad (à base de guano de chauve-souris), du Korneco (produit
à partir de cornes de zébu broyées) et enfin du Polyter (engrais encapsulé hydro-rétenteur enrichi
en éléments minéraux). Pour chaque fertilisant, une dose maximale (100kg N/ha/an), optimale (65
kg N/ha/an) et minimale (30kg N/ha/an) ont été testées. Il apparait que l’application de fertilisant
organique a un impact significativement positif sur les rendements (jusqu’à 4 fois supérieurs avec
le Guanomad). On ne remarque en revanche aucun effet de la dose.
• Enfin une expérimentation est en cours de mise en place concernant l’application de Bois
Raméal Fragmenté (BRF) sur les parcelles. Ces rameaux broyés sont réputés pour favoriser
la vie microbienne mais aussi influer sur des paramètres structuraux du sols. Nous étudions
son impact sur le sol et sur les cultures ainsi qu’un levier d’évitement de la situation de « fin
d’azote » par ajout d’une fertilisation azoté. Trois tailles de broyats, couplés ou non avec une
fertilisation, seront testés.
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : Recherche participative pour la restauration de la fertilité des sols, exemples
dans le Moyen Ouest et en Itasy à Madagascar
Dans un contexte de faible fertilité naturelle des sols à Madagascar, combinée à un faible accès
aux facteurs de production (équipement, terre, main d’oeuvre, intrants), la restauration de la
fertilité des sols apparaît comme un enjeu majeur pour le développement des populations rurales.
Le projet SECuRE - Restauration des fonctions écologiques du sol pour accroître les services
agrosystémiques dans les systèmes rizicoles pluviaux en transition agroécologique (financement
Fondation Agropolis 2017-2021) - s’inscrit dans une démarche participative et propose de tester
un large panel d’amendements organiques et minéraux, visant une restauration des fonctions
écologiques du sol pour soutenir durablement la production agricole. Ces amendements ont
été évalués sur la culture de riz pluvial au champ pendant deux années selon des critères
agronomiques et écologiques et selon la perception des producteurs. En mobilisant l’évaluation
participative, l’objectif de cette démarche est de croiser l’analyse scientifique avec la perception
paysanne, afin de produire des connaissances scientifiques mais aussi des connaissances dites
« actionnables » pour les paysans.
La méthode a conduit à identifier l’ensemble des critères utilisés par les paysans pour caractériser
la qualité des amendements, les évaluer et enfin comparer cette évaluation paysanne aux
performances agronomiques (rendement) et écologiques (carbone apporté par les intrants).
Deux ateliers participatifs ont été effectués dans deux communes auprès de deux réseaux de
fermes de référence : Ivory dans le Moyen-Ouest du Vakinankaratra, et Imerintsiatosika dans la
partie Hautes-Terres de la région d’Itasy.
Les résultats montrent que les paysans ne mobilisent pas que des critères relatifs aux coûts ou
aux rendements, mais plutôt un ensemble complexe de critères dont l’accessibilité aux matières
amendantes, la commodité d’épandage, la facilité de transport, l’effet sur les bioagresseurs mais
aussi les effets escomptés sur la santé du sol, etc. Les amendements les mieux évalués par les
paysans sont le compost sur les deux sites, ainsi que certains assemblages complexes (fumier
traditionnel + compost + Guanomad). Les moins bien évalués correspondent à des amendements
ayant une faible accessibilité, peu connus localement (phosphate naturel), qui demandent une
plus forte technicité ou exigence en travail (lombricompost). Les différences d’évaluation entre
les deux sites témoignent de l’importance des contrastes écologiques, de l’environnement
économique et social et des pratiques locales qui influencent la perception paysanne.
Ces résultats montrent que la perception paysanne de l’usage des amendements est située et
complexe. Cet accompagnement passe par un effort de vulgarisation sur la qualité des différents
amendements peu connus des producteurs, la facilitation de la circulation des informations
techniques, de rendre ces matières plus accessibles localement (formation de prestataires locaux,
ou mise à disposition de boutiques d’intrants organiques). Du côté de la recherche, ces résultats
appellent à proposer des solutions qui correspondent aux attentes multiples et situées des paysans.