Le Sud Est de Madagascar, régions Vatovavy Fitovinany et Atsimo Atsinanana, deux régions de climat
subtropicale humide, est soumis à des cultures sur brulis répétitifs dans un contexte d’extrême
pauvreté. La tendance durant les trois décennies était la disparition de la forêt primaire laissant la place
à une savane arborée puis à une steppe à Aristida sp rabougri. Notre emblématique Ravinala affiche
une résilience face aux feux mais disparaît aussi malheureusement après plusieurs feux répétitifs.
L’extrême pauvreté dans ces régions du Sud Est aggravée par une explosion démographique
inquiétante en milieu rural pose la question de comment nourrir ces populations tout en reconstituant
la forêt. C’est là l’enjeu de l’Agro-écologie. Dans certaines communes, en particulier dans la région
Vatovavy Fitovinany, on assiste déjà à un début de désertification avec apparition de monticule à
crête décapée. La pluviométrie a drastiquement diminué et on commence à avoir apparaître des
mois très secs entre les mois de mai et octobre.
En raison de la pression sur les forêts naturelles qui n’arrivent plus à répondre aux besoins croissants
des populations, beaucoup de pays ont opté pour des espèces à croissance rapide. C’est le cas,
en particulier pour l’Indonésie qui a opté pour l’Acacia mangium, une légumineuse à croissance
rapide, une espèce originaire de la forêt tropicale humide de la partie Nord Est de l’Australie, de la
Papou Nouvelle Guinée et de l’Indonésie. Le reboisement avec l’Acacia mangium a été testé avec
succès dans plusieurs régions de Madagascar, en particulier dans les régions à pluviométrie élevée
(supérieure à 1500 mm) et même dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra dans le cadre du projet
MANITATRA où la pluviométrie est inférieure à 1200 mm. D’autres espèces d’Acacia ont été testées
dans d’autres régions de Madagascar, en particulier l’A. holosericea, testé par le PLAE dans des sols
dégradés dans les régions à longue saison sèche comme le Boeny. L’intérêt de l’Acacia mangium
réside dans sa croissance rapide mais en plus, étant une légumineuse à forte production de biomasse,
des paysans utilisent ses feuilles dans les composts. Son intérêt en tant que plante mellifère est
reconnu par les paysans dans le Sud Est, qui parfois, la plantent uniquement dans cet objectif. Dans
les régions cycloniques, nous avons constaté que l’Acacia mangium se diffuse tout seul par les vents,
en particulier lors des cyclones. Après un passage de feu, les graines germent et reprennent très vite.
L’objet de cet article est de partager, essentiellement au moyen d’images, les impacts de l’introduction
de l’Acacia mangium dans le Sud Est dans le cadre des actions dans le site de l’ONG TAFA près du
fleuve Faraony avec encadrement du GSDM et du CIRAD. Au vu des premiers résultats de ce site
sur une steppe à Aristida dégradé, tous les reboisements successifs des projets sur l’axe de la RN 12
et une partie de l’axe Farafangana - Vonindrozo ont mis l’accent sur cette espèce. Compte tenu de
ses succès, l’Acacia mangium devrait être promu dans les corridors forestiers (COFAV, COMATSA,
ANDASIBE ZAHAMENA..).
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : Les enjeux de la gestion des feux et de la productivité agricole dans les zones
périphériques du Parc National Ankarafantsika, Région Boeny,
Madagascar
La désertification, ainsi que le changement climatique et la perte de biodiversité ont été
identifiés parmi les plus grands défis pour le développement durable au cours du Sommet
de la Terre à Rio en 1992. Malgré cette reconnaissance, les trois Conventions cadre de Rio
(respectivement sur les changement climatiques, sur la diversité biologique et sur la lutte
contre la désertification) présentent des orientations de mise en oeuvre parallèles malgré des
évidences de synergies de mise en oeuvre au niveau local.
Notre étude s’intéresse particulièrement à un approfondissement de ces intéractions
entre les zones périphériques et le Parc National Ankarafantsika dans la Région Boeny. Le
PN Ankarafantsika fait partie du Réseau National des Aires Protégées géré par Madagascar
National Parks (MNP). Il a été l’une des premières Aires Protégées de Madagascar avec le
décret de classement du 31 Décembre 1927 comme Réserve Naturelle Intégrale (RNI) N°7.
En 2002, cette RNI (reclassée en 1966) et les réserves forestières aux alentours (créées en
1929) ainsi que la Station forestière d’Ampijoroa (1999) sont toutes regroupées dans un PN
(décret N°2002-798 du 07 août 2002) et qui subit une extension en 2015 (décret N°2015-730
du 21 avril 2015) pour couvrir une superficie totale de 136 513 ha. Néanmoins, les pressions
demeurent multiples et particulièrement connues dans la zone. Les feux de pâturage, la
recherche de nouvelles terres pour l’agriculture, la collecte de tubercules et de fibres, la chasse
et le braconnage, la coupe illicite de bois sont connus pour être les grandes menaces majeures
liées à des actions de populations vivant aux alentours du PN (migrant ou non migrant) et de
demandes plus larges (approvisionnement en bois et en charbon de la ville de Mahajanga par
exemple).
L’approche se base sur une analyse de la dynamique de l’occupation des sols sur trois époques
d’observation (2008, 2014 et 2018) à partir d’images Landsat 5 et 8 afin de développer des
modèles d’évolution pour les années 2025, 2030 et 2035 et de mesurer ainsi les impacts
possibles des efforts de gestion durable des terres. Pour cela, plusieurs indicateurs ont été
évalués notamment les surfaces brulées mensuelles extraites à l’aide d’indices spectraux
(NBR ou Normalized Burn Ratio et BAI ou Burned Area Index issus des images Landsat 8),
les itinéraires techniques des systèmes de production, le taux de carbone organique des sols
des parcelles utilisées, les formes de sécurisation foncière et l’excédent brut d’exploitation
issus d’une campagne de collecte d’échantillon de sols et d’enquête auprès des paysans
propriétaires/utilisateurs.Les résultats montrent de manière évidente les pertes de productivité
en lien avec des pratiques intensives de feux, entrainant des substitutions d’utilisation vers des
terres plus fertiles généralement dans le Parc National. La modélisation montre par contre le
rôle potentiel d’une gestion plus durable des terres, notamment une gestion plus maîtrisée
des feux, sur une amélioration à la fois des excédents bruts d’exploitation des paysans, mais
également de l’augmentation des surfaces forestières existantes.