Comprendre les processus d’innovation agroécologiques par
l’analyse des apprentissages et des modes d’intervention des
organisations dans les territoires, cas d’étude dans le MoyenOuest de Madagascar
Cette communication propose un cadre d’analyse des innovations agricoles combinant les
apprentissages à l’échelle des exploitations agricoles et les modes d’intervention des
organisations pour accompagner les innovations. Il a été appliqué dans deux communes du
Moyen-Ouest de Madagascar au sujet d’innovations à partir de nouvelles légumineuses. Les
résultats montrent que les apprentissages sont influencés par les modes d’intervention des
acteurs de développement et de la recherche ainsi que par le type d’outils utilisés pour
l’accompagnement. Les modes d’intervention privilégiés des organisations correspondent au
transfert de technologie mais de nouveaux outils, centrés sur les échanges multi-acteurs sont
récemment développés.
Proposition d’une méthode d’analyse multi-dimension et multi-échelle
des pratiques agroécologiques ; exemple de l’usage des légumineuses
en culture pluviale dans le Moyen-Ouest de Madagascar
La communication propose de présenter une méthode d’évaluation multi-dimension et multi-échelle des
apprentissages des pratiques agroécologiques. Elle est issue de l’initiative BOOST (Biodiversity for agroecological
Transition in developping countries) portée par le CIRAD. La mise au point de cette méthode d’évaluation a
débuté en 2017 et a été appliquée sur deux communes rurales du Moyen Ouest en mobilisant une enquête
auprès de 40 producteurs et une série d’entretiens avec des acteurs du développement. La méthode consiste à
coupler une analyse « systémique » des exploitations agricoles à une analyse fine des processus d’apprentissage
puis des acteurs intervenants dans le territoire. Dans ce cas d'étude elle a concerné l'évaluation de pratiques
agricoles innovantes basées sur des légumineuses (mucuna, stylosanthes, haricot, en triple association, en
association de culture ou en couverture végétale du sol). Dans un premier temps elle a permis de mieux
comprendre les freins à l'adoption de ces pratiques tant du point de vue technique que cognitif. L’originalité de
cette méthode repose sur la combinaison de différentes dimensions, outils et échelles d’évaluation.
Rapport des activités du dispositif de recherche et d’enseignement en Partenariat « Systèmes de Production d’Altitude et Durabilité »
(dP SPAD) à Madagascar
période 2012 – 2015
Le dP SPAD travaille au développement des systèmes de production des zones tropicales d’altitude avec les objectifs suivants : (1) étudier les conditions de la durabilité des productions pluviales, et notamment du riz, dans les zones d’altitude, (2) étudier les conditions de la durabilité de la riziculture exondée de bas-fond dans les zones d’altitudes, (3) développer des systèmes de culture innovants, en particulier des systèmes basés sur l’agriculture de conservation, permettant de gérer l’ensemble des ressources disponibles et d’assurer la durabilité de la production, (4) étudier la place de l’animal dans la conservation des nutriments dans des systèmes de production à bas niveaux d’intrants, (5) étudier les liens organisationnels (calendriers agricoles, mobilisation de ressources) des systèmes de culture pluviaux avec les autres activités de l’exploitation, notamment les autres systèmes de culture irrigués et arboricoles ou les activités d’élevage, (6) accompagner au sein des exploitations et des terroirs les processus d’innovation liés à ces nouveaux systèmes, en particulier dans leur interaction avec l’élevage, leur lien avec les filières et les ressources naturelles, (7) documenter aux échelles spatiales concernées les modifications (démographiques, productives, environnementales) accompagnant les dynamiques d’occupation des territoires agro pastoraux et (8) alimenter les acteurs du développement agricole avec de nouveaux systèmes d’innovation et des méthodes d’accompagnement.
IMPACTS DE L’INOCULATION MICROBIENNE DU
HARICOT VERT NAIN AVEC DES BACTERIES
SYMBIOTIQUES FIXATRICES D’AZOTE SUR LE
FONCTIONNEMENT MICROBIEN DU SOL DE CULTURE
Le haricot vert est une légumineuse cultivée à Madagascar. Sa culture est classée parmi les cultures
légumières que Madagascar exporte dans les pays européens. Cette exportation présente des
contraintes, l’approvisionnement est faible et irrégulier. Ceci est dû aux activités anthropiques
pratiquant de nombreux systèmes agricoles qui entrainent des profondes modifications sur la
qualité biologique des sols. Une des alternatives à l’utilisation de ces différentes techniques serait
l’inoculation microbienne du haricot avec des bactéries symbiotiques fixatrices d’azote.
Ainsi, seize différents traitements, dont les huit premiers ne contiennent pas de l’inoculation, ont
été utilisés dans l’objectif d’améliorer la qualité biologique du sol en stimulant l’activité des
microflores telluriques d’une part et de favoriser la croissance des plantes d’autre part. Les résultats
nous ont montré que: l’inoculation a rehaussé l’activité des microorganismes, que ce soit dans le
cas de l’hydrolyse de la FDA (Fluorescéine DiAcétate) qui implique les microorganismes du sol,
ou que ce soit dans le cas de l’activité phosphatasique du sol. Même cas pour la formation des
nodules, l’inoculation a marqué un effet positif sur la nodulation de systèmes racinaires des plants.
Toutefois, de meilleurs résultats ont été obtenus après l’association de l’inoculation avec d’autres
fertilisants comme le compost, l’azote et le phosphore. Par contre, l’inoculation n’a pas induit une
amélioration très nette sur la croissance des plantes ainsi que sur le taux de mycorhization. La
hauteur de la plante la plus élevée et le meilleur poids de biomasses ont été obtenus respectivement
avec les traitements contenant de compost + azote et compost + azote + phosphore. L’effet direct
de l’inoculation a entrainé un faible de taux de mycorhization. Le taux le plus élevé a été observé
dans la parcelle qui n’a subi aucun apport ni d’inoculation.
Résumé
Cette étude a été réalisée afin de mieux connaitre les caractéristiques pédologiques des sols
ferrallitiques de Madagascar telles que leur composition minéralogique et pH, leurs propriétés
d’échange et leur acidité. Cette recherche vise à étudier la relation entre les propriétés
d’échange et les caractéristiques pédologiques des sols ferrallitiques de Madagascar,
particulièrement de déterminer leurs teneurs en cations échangeables ainsi que l’évaluation de
l’acidité d’échange de ces sols en tenant compte de leur origine géologique. Des échantillons
de sols ferrallitiques ont été prélevés antérieurement sur 120 sites, le long des RN 1, 2, 4, 6, 7,
34 et 44. L’origine géologique de ces échantillons a été définie en sept groupes de roches mères,
à partir de la carte géologique de Madagascar et en trois classes de sols, à partir de la carte
pédologique de Madagascar. Pour chaque site, des échantillons ont été prélevés à différentes
profondeurs : 0-10, 10-20, 20-30, 50-60 et 80-90 cm. Parmi l’ensemble, 163 échantillons ont
été analysés au laboratoire : la composition minéralogique ainsi que le pH ont été déterminés
antérieurement ; les analyses de la CEC, des teneurs en K+, Mg2+, Ca2+ et Al3+ ont été effectuées
dans le cadre de ce travail. Les résultats obtenus ont montré que la composition minéralogique
des sols varie en fonction du matériau parental. Un effet de la roche mère sur la composition
minéralogique et les propriétés d’échanges des sols a été observé : une moyenne de 393 g.kg-1
pour la kaolinite dans les sols sur gneiss et granite-gneiss ; des moyennes de 181 et 167 g.kg-1
pour la gibbsite dans les sols sur gneiss et roches mafiques ; une moyenne de 134 g.kg-1 pour
l’ensemble goethite-hématite dans les sols sur roches mafiques. En fonction du pHeau, les
teneurs en Al3+ échangeables varient entre les roches (roches détritiques et gneiss, pHeau < 5,5,
Al3+ élevée) et la classification de sol (cambisols plus acides par rapport aux ferralsols et
nitisols). Les teneurs en cations échangeables et en Al3+ échangeable varient en fonction du
type de sol et de l’altération des sols. Cette étude a révélé les interactions entre les
caractéristiques minéralogiques et les propriétés physico-chimiques des sols ferrallitiques de
Madagascar en prenant en compte l’origine géologique de ces sols.
Partage des éléments nutritifs entre deux espèces
végétales par l’intermédiaire des symbiotes fongiques
et rhizobiens dans un système de culture riz pluvial-
haricot sur les Hautes Terres malgaches
Dans l’amélioration du rendement de riz pluvial et de la fertilité du sol, une expérimentation sur des cultures de riz pluvial (Oryza sativa) et de haricot (Phaseolus vulgaris) seules ou en association, sur des sols contenant peu ou pas de fertilisants phosphatés et sous l’effet de symbiotes mycorhiziens et/ou rhizobiens a été conduite en serre. Les inocula mycorhiziens et/ou rhizobiens sont directement issus de racines de riz et/ou de haricot. Par la suite, une étude a été portée sur l’évaluation des teneurs en azote et en phosphore dans les parties aériennes de chaque espèce de plantes. Par ailleurs, le développement des plantes ainsi que le fonctionnement des microorganismes telluriques ont été mesurés.
Les résultats ont révélé l’influence positive de l’association culturale et de l’inoculation de racines sur le rendement du riz pluvial par l’amélioration de la croissance et des teneurs en éléments minéraux de la plante. En effet, l’association culturale a augmenté de 3,5% et de 48% les teneurs en azote et en phosphore du riz comparée à la monoculture. En présence d’inoculum racines mixtes de riz et de haricot, la croissance du riz a augmenté considérablement et la biomasse sèche a atteint 0,350g. De même, des teneurs élevées en azote N= 19098 mg kg-1et en phosphore P= 1113 mg kg-1ont été obtenues en présence de l’inoculum racines mixtes de riz et de haricot. Par ailleurs, l’interaction inoculation de racines avec la coculture a des effets positifs sur la croissance de la plante et les teneurs en éléments nutritifs. D’une part, la biomasse sèche du riz la plus élevée, soit 0,516g, a été observée sur le traitement coculture avec inoculum racines de haricot. D’autre part, la combinaison coculture avec inoculum racines mixtes de riz et de haricota été plus performante en produisant des teneurs importantes en phosphore P= 1429 mg kg-1et en azote N= 20481 mg kg-1.
Cependant, malgré la stimulation de la croissance des plants de haricot en coculture, les teneurs en azote et en phosphore de la partie aérienne sèche des plants de haricot ont été réduites de 5,5% et de 15%. Ceci est dû à l’effet de compétition entre les espèces en coexistence. De plus, l’interaction du système de culture associée avec inoculation de racines n’a pas eu d’effet significatif sur les teneurs en éléments nutritifs du haricot.
EFFETS DU MODE DE GESTION DU SOL ET DES APPORTS DE
PHOSPHORE SUR LA DISPONIBILITE DE L'AZOTE ET DU PHOSPHORE,
LA PRODUCTION DE BIOMASSES ET LE RENDEMENT D'UNE
ASSOCIATION RIZ-HARICOT SUR SOL FERRALLITIQUE
L’accroissement de la productivité rizicole à Madagascar nécessite la mise en valeur des sols
ferrallitiques de tanety et une bonne conduite de la fertilisation du sol. Dans l’objectif de
l’amélioration de la disponibilité en nutriments dans le sol ainsi que la productivité agricole, une
expérimentation agronomique étudiant l’effet d’une culture intercalaire de riz et de haricot a été
réalisée sur un sol ferrallitique situé à Lazaina-Antananarivo. Trois facteurs ont été étudiés : (i) le
mode de gestion du sol comparant un système avec labour du sol (CT) et un système sans labour
du sol (NT), (ii) l’apport de P sous forme organique à base de fumier ou de résidus de
stylosanthès et enfin (iii) l’apport de P minéral à doses croissantes sous forme de triple
superphosphate (TSP). Des prélèvements de sols rhizosphériques et de plantes ont été effectués
au stade floraison du haricot. Les sols rhizosphériques ont fait l’objet des analyses de P résine, de
P microbien, d’azote minéral et de pH au laboratoire. Pour les plantes, les biomasses ont été
évaluées. Les rendements des deux cultures ont aussi été évalués. Le système CT a permis
d’obtenir une biomasse aérienne, racinaire et un rendement en riz et en haricot significativement
plus élevés. Cependant, le P résine ainsi que la production de nodules ont été significativement
plus élevés sous mode NT que sous CT. L’apport TSP+résidus de stylosanthès a permis
d’obtenir une biomasse aérienne et racinaire ainsi qu’un rendement significativement plus élevés
pour les deux plantes par rapport au traitement TSP+fumier. Les effets des apports de P minéral
à dose croissante ont été constatés sur les paramètres étudiés et notamment sur la nodulation, la
production de biomasse aérienne, le rendement du haricot et le P résine. En ce qui concerne la
teneur en azote minéral, l’effet des apports de P à dose croissante a été seulement observé sur la
teneur en NH4+ sur sol rhizosphérique de haricot.
RESUME
Le stockage du carbone est à la fois un enjeu agronomique (amélioration des propriétés
organiques du sol) et environnementaux (réduction du CO2 atmosphérique). La présente
étude qui a été entreprise sur un dispositif expérimental à Andranomanelatra (région
Vakinankaratra) a pour objectif principal d’estimer le carbone apporté par les principales
cultures et les plantes de couvertures selon deux modes de gestion du sol (SCV et le labour).
Ce rapport renseigne principalement sur les quantités de carbone que renferment les pools :
biomasse aérienne et biomasse racinaire. Des mesures et des prélèvements ont été effectués,
pour la biomasse aérienne, la récolte intégrale a été adoptée, pour la biomasse racinaire, la
méthode de carottage en surface et en fosse d’un bloc sol-racines a été utilisée. Le stock de
carbone dans la biomasse est estimé à partir de sa matière sèche. Le modèle de Hénin-Dupuis
a permis ensuite d’évaluer le carbone apporté au sol par la restitution des biomasses (aérienne
et racinaire). Cette étude a montré que la production de biomasse ne varie pas en fonction du
mode de gestion du sol. Il ressort aussi de cette étude que les stocks de C diffèrent selon le
mode de gestion du sol. En système labouré, le déstockage est rapide tandis qu’en SCV, le
stockage tend à augmenter. Les résultats montrent des accroissements de l’ordre de 0,10 à
0,47 t C.ha-1.an-1sous SCV par contre en système labouré, le décroissement est de l’ordre de
0,35 t C.ha-1.an-1. En conclusion, les systèmes SCV sont efficaces pour le stockage de carbone
contrairement aux systèmes labourés grâce à la restitution des parties aériennes.
RESUME
L’étude, réalisée dans le cadre du projet SCRID (Systèmes de Cultures et Rizicultures Durables),
sur l’amélioration de la qualité a pour objectif d’appuyer le programme de sélection de variété de
riz pluvial par l’identification et le classement des critères de qualité du riz tels qu’ils sont perçus
par les consommateurs et tenant compte de leur aptitude à satisfaire les besoins nutritionnels.
Des séries de travaux ont été menées : une enquête de consommation du riz dans la Commune
urbaine d’Antananarivo, une évaluation de la qualité du riz par les ménages malgaches, une
évaluation sensorielle de la texture du riz, des analyses physico-chimiques et instrumentales.
Vingt neuf échantillons, dont dix de riz pluvial et dix neuf de riz irrigué, choisis comme les plus
représentatifs (forme, couleur, provenance, transformation) de la diversité du riz malgache ont
constitué les matériels d’étude.
Il ressort des résultats que les critères de qualité peuvent être regroupés en deux groupes : les
critères de choix à l’achat liés aux grains crus et les critères liés à la cuisson.
Les critères considérés comme les plus importants à l’achat sont surtout ceux liés à la propreté
du riz, aux défauts des grains, à la forme et à la couleur. Ainsi, les consommateurs cherchent les
riz sans cailloux, sans grains étrangers, ne présentant pas beaucoup de brisures et qui ne sont pas
humides. Ils n’aiment pas mais peuvent tolérer les paddy et les sons. Le choix de la forme et de la
couleur dépend du plat à préparer : vary maina ou vary sosoa.
Pour les critères liés à la cuisson et pour les deux principaux plats, les consommateurs préfèrent
les riz qui gonflent, s’éparpillent, ne collent pas, faciles à cuire et à digérer.
Le vary maina apparaît le plus consommé et également le plus apprécié. Pour cette forme de
consommation, les critères les plus importants pour les consommateurs portent essentiellement sur
les propriétés texturales du riz cuit, axées sur le collant pour le rejet et la fermeté pour
l’acceptation.
Pour décrire la texture du riz cuit, 7 descripteurs ont été sélectionnés : éparpillement des grains,
fermeté visuelle, grains déformés, collant pendant la mastication, fermeté pendant la mastication,
nombre de mastications, résidu de mastication. Les descripteurs « éparpillement, grains déformés,
collant pendant la mastication » sont influencés par la taille des grains tandis que la fermeté
pendant la mastication, le nombre de mastications et le résidu de mastication sont plutôt liés à
leurs propriétés biochimiques.
Par ailleurs, la fermeté du riz peut être prédite par la teneur en lipides et en cendres mais elle est
aussi influencée par les moyens de transformation utilisés.
Le riz pluvial apparait plus éparpillé, plus ferme, plus long à cuire et nécessite beaucoup plus de
nombre de mastications que le riz irrigué. Il est plus riche en protéines que le riz irrigué mais plus
pauvre en amylose et moins résistant aux contraintes technologiques.
La faible performance des moyens de transformation utilisés à Madagascar influence la qualité
des grains crus et par conséquent leur acceptabilité par les consommateurs, mais influence aussi la
qualité des grains cuits. Le mode et le degré d’usinage n’influencent pas la morphologie des
grains de riz. Les riz pilonnés sont plus fermes, plus éparpillés et présentent plus de résidus de
mastication et de nombre de mastications que les riz usinés. Ils sont également plus riches en
lipides et en cendres, mais leur teneur en amylose est légèrement faible par rapport à ces derniers.
Le temps de cuisson, plutôt lié aux caractéristiques variétales des grains, n’est pas influencé par
les facteurs technologiques.
L’étude a permis de mettre au point une méthode de mesure de la fermeté du riz cuit, facile à
mettre en œuvre et pourra être utilisée à Madagascar pour caractériser la texture des riz
malgaches.