Le manque d’accès au financement est un frein majeur à un développement équitable de l’innovation en agriculture. En s’appuyant sur l’exemple des cult
ures en semis direct sous couverture végétale (SCV) à
Madagascar, la communication montre que les marché
s financiers ruraux ne répondent pas spontanément aux
besoins de financement des innovateurs du fait de l
’ampleur de l’incertitude systémique (technique, économique,
organisationnelle) qui caractérise l’innovation en
agriculture. Une intermédiation est alors nécessaire entre les
innovateurs et le marché financier. Les modalités et les performances de trois formes d’intermédiation, l’aide
publique au développement, sous forme de projet, l’action collective par le biais de la caution solidaire, et l’action
publique, sont analysées.
INTRODUCTION
Le financement des exploitations agricoles familiales a toujours été complexe, par la
nature risquée des activités agricoles qui dépendent de facteurs externes, par leur saisonnalité
qui induit la concentration des revenus à un moment de l’année, par la difficile mobilisation
de l’épargne et par l’interdépendance des différents budgets d’un ménage. Face à ces
contraintes, le secteur de la microfinance tente de répondre au mieux à cette demande
spécifique, peu prise en charge par le secteur bancaire classique.
Au Lac Alaotra, à Madagascar, le secteur bancaire comme celui de la microfinance
sont présents pour financer les activités agricoles de la région centrées essentiellement sur la
riziculture. Les techniques innovantes de culture proposées par le projet BV Lac, ont
également fait l’objet de crédits pour faciliter leur adoption par les groupements de paysans.
En 2007, face à un important problème de non remboursement de ces crédits, une
étude du fonctionnement des systèmes de microfinance a été menée dans la région du Lac
Alaotra à Madagascar. Elle met en évidence les dysfonctionnements du système de
financement et analyse les causes de non-remboursement des crédits contractés par les
groupements de paysans. Ces travaux sont présentés intégralement dans le mémoire :
« Analyse des causes de non-remboursement des crédits au lac Alaotra, à Madagascar.
Quelles implications pour les groupements de crédit à caution solidaire, les institutions
financières et le projet BV lac ? ». Maud Oustry, 2007.
Le présent document s’intéresse à la méthodologie élaborée pour cette étude sur le
crédit. En effet, son originalité réside dans l’utilisation d’une combinaison d’outils, déjà
éprouvés dans de nombreuses études mais de façon séparée. Il semble donc intéressant de
présenter cette méthodologie de façon détaillée, afin qu’elle puisse servir à d’autres études de
thématiques similaires.
Analyse des causes de non remboursement des crédits au Lac Alaotra Madagascar. Quelles implications pour les regroupements de crédit à caution solidaire, les institutions financières et le projet BV Lac?
RESUME:
La cuvette du Lac Alaotra avec ses 100 000 ha de rizières, est une région de
forte pression migratoire. Face à une saturation foncière pour la riziculture
irriguée, les agriculteurs étendent leurs cultures sur les tanety (collines) déjà
soumises à d’importants phénomènes d’érosion. Dans ce contexte, le projet BV
Lac, diffuse depuis 2003 des techniques de cultures de semis direct sur
couverture végétale (SCV) pour accroître les revenus des paysans tout en
limitant les phénomènes d’érosion. L’adoption de ces techniques nécessitant un
investissement initial, le projet a proposé des crédits intrants puis les a
rapidement relayés par des crédits bancaires ciblés. Mais au regard des trois
campagnes agricoles, la situation des non remboursements des crédits est
préoccupante et dans un souci de pérennisation de ses actions, le projet BV Lac
souhaite y remédier.
Cette étude de terrain s’est donc attachée à analyser les causes de non
remboursement des crédits et à faire force de propositions pour améliorer la
situation. Elle s’est basée sur 3 hypothèse initiales : l’existence d’une certaine
‘culture du non remboursement’ au lac, la présence de défaillances dans le
système de caution solidaire, et des modalités de crédit non adaptées aux
différents types de paysans.
En effet, dans un contexte où les stratégies paysannes sont principalement
individualistes, le système de crédit à caution solidaire, basé sur la pression
sociale, n’est pas des plus adaptés et il nécessite de réunir un ensemble de
conditions essentielles à son bon fonctionnement. Il est souhaitable de garder un
large accès au crédit et donc de conserver ce type de crédit pour les
groupements paysans. Toutefois, il est capital de le modifier en le renforçant
aux différents niveaux d’acteurs concernés, dans un but de pérennisation de
celui-ci.
Par ailleurs, l’approche « parcelle » initiale du projet, fondée essentiellement
sur les potentialités agricoles d’une parcelle, a conduit à proposer des crédits
pas toujours adaptés aux différentes capacités d’endettement des exploitations
agricoles. Il est dorénavant nécessaire de prendre en compte l’ensemble du
système d’activités –agricoles et extra agricoles- que représente une
exploitation agricole. Depuis 2007, le projet élargit progressivement son
approche à l’échelle de l’exploitation, et cette évolution doit être aujourd’hui
renforcée, notamment par l’utilisation d’un réseau de fermes de référence déjà
mis en place