Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 Alternatives autour des Aires protégées et des Parcs nationaux : cas du projet
Talaky (Anosy)
Le corridor forestier de Beampingaratsy dans la région Anosy est soumis à une forte déforestation
qui participe au changement climatique et dont la première cause est la riziculture pluviale sur
abbatis-brûlis. Les itinéraires culturaux pratiqués ne permettent pas l’exploitation durable des
terres et, avec la démographie, ils participent à la faillite des systèmes agricoles itinérants et
impactent la capacité des populations à vivre décemment de leurs terres.
Le projet TALAKY, financé par l’AFD et mis en oeuvre par les ONG Nitidæ et Agrisud International
dans 7 communes périphériques du massif de Beampingaratsy, allie conservation de la forêt,
développement agricole et renforcement des capacités de gestion des collectivités territoriales
locales pour permettre la préservation des écosystèmes naturels, la restauration des sols et
l’émergence de visions d’aménagements durables.
La composante agricole du projet propose aux agriculteurs riverains du massif des alternatives
durables à l’exploitation des sols forestiers. La compréhension de l’utilisation traditionnelle des
parcelles défrichées a permis de définir trois niveaux d’intervention :
1. Les terres agricoles : Dans les systèmes traditionnels, les terres sont exploitées chaque année
sans fertilisation d’abord en riz puis en manioc à mesure que la fertilité est consommée.
L’augmentation de la population ne permet plus d’assurer les temps de jachères suffisant. Le
projet accompagne des aménagements à l’échelle des versants combinant lutte-antiérosive
et valorisation pérenne pour ralentir la dégradation des espaces agricoles. La construction de
micro-périmètres irrigués permet également d’améliorer le potentiel rizicole de la zone.
2. Les exploitations agricoles : les agriculteurs sont accompagnés dans l’évolution de leurs
exploitations dans une perspective agroécologique et économique durable. Il s’agit d’améliorer
les itinéraires techniques de cultures déjà présentes (SRA, basket-compost, rotations
et associations) mais aussi de diversifier les exploitations pour améliorer leurs revenus
(agroforesterie, gingembre, micropeuplements forestiers) et leur résilience (introduction et
utilisation des plantes de services).
3. Les services agricoles à l’amont et à l’aval : du fait de son enclavement et des faibles moyens
financiers des agriculteurs, les services agricoles sont peu développés. Le projet accompagne
l’acquisition de compétences et/ou la formalisation de services contribuant au développement
des alternatives durables. Il s’agit de producteurs d’intrants (pépiniéristes, PMS), de traitement
post-récolte (batteuse, décortiqueuse) ou d’organisations professionnelles pour valoriser les
produits à haute-valeur ajoutée (coopérative négoce de baie rose).
S’il est possible de mesurer les actions entreprises auprès des producteurs et de suivre l’évolution
de la déforestation, les liens de causalité entre ces éléments ne sont pas évidents à affirmer. La
déforestation est due à des causes multiples qui se situent autour de l’économie, de la gestion
lignagère, de facteurs socio-culturels, etc. De plus, les réalités sociales et légales (gestion du
foncier) peuvent être très variables d’un village à l’autre d’où des variations également dans les
motifs d’exploitations de la forêt.
La présentation alimentera les réflexions de la journée en proposant quelques solutions apportées
par le Développement (=réussites des programmes PHCF puis Talaky) à ce problème complexe,
mais aussi en présentant quelques pistes d’études pour le secteur de la Recherche qui pourraient
aider à résoudre certaines difficultés rencontrées.