Cette édition a été
rédigée durant la période
de confinement due au
COVID 19 et pour lequel
nous tenons à remercier
les contributions des
membres et partenaires
du GSDM. A partir de ce
numéro, nous avons opté
pour une orthographe
de l’Agroécologie en un
seul mot comme dans le
dictionnaire et dans la
plupart des publications.
Pour une meilleure lecture,
la présentation du JAE a
été également rafraichie
au travers d'un nouveau
design.
Comme dans les numéros
précédents, la gestion de
la fertilité des sols, suite
des études antérieures
dans le cadre du projet
SECuRE dans les stratégies
paysannes prend une place
importante. Il en est de
même sur les innovations
et leçons apprises sur
la gestion durables des
terres. L’engouement
actuel des paysans sur les
variétés de patates douces
à chair orange tant sur la
sécurité alimentaire que
sur la nutrition nous amène
à publier les dernières
informations dans ce
domaines en termes de
variétés.
Une capitalisation des
formations réalisées par
le GSDM à différentes
échelles est présentée
dans ce numéro. « Bilan
carbone réduit et résultats
économiques en hausse »,
tels sont les résultats
de la recherche sur un
ensemble de pratiques
Agroécologiques au sein
des exploitations agricoles
familiales. De tels résultats
complétés par les leçons
apprises et les témoignages
des paysans plaident pour
un plaidoyer au niveau
national et un renforcement
des formations à tous
les niveaux, activités qui
rentrent dans les missions
principales du GSDM.
Ce numéro 9 du
Journal de l’Agro-écologie couvre différents
domaines allant de la recherche à la formation,
aux enjeux de développement et surtout, par
rapport aux numéros précédents, des témoignages
d’adoptants montrant des changements de
comportements sur les bonnes pratiques agricoles
pour la gestion de la fertilité des sols. On connaît
depuis longtemps l’importance de la matière
organique dans nos sols acides fortement lessivés
depuis de longues années. Un sol ferralitique acide
dépourvu de matière organique se compacte à
partir des 15 cm limitant la descente des racines
des plantes. Sur ces sols acides le fumier est un
amendement très utile dont la fonction va bien
au-delà de sa composition chimique à savoir sa
fonction dans le relèvement du pH et sa fonction
dans le complexe argilo-chimique.
Jusqu’à présent, on s’est appuyé sur le fumier de
ferme mais avec la forte réduction du troupeau
dans les exploitations agricoles, il est impossible
de satisfaire les besoins. En effet, les productions
de fumier dans les exploitations agricoles
(inférieures à 5 t/ha) sont nettement insuffisantes
pour satisfaire leur besoin. Comme le fumier ne
sera jamais suffisant, la solution c’est les plantes
de couverture où nous avons des acquis énormes
par rapport aux autres pays. L’engouement des
paysans du projet MANITATRA sur le mucuna et le
lombricompost est très significatif à cet égard. A
noter également l’utilisation du compost liquide
avec addition de plantes biocides comme le neem,
le faux neem, etc.. pour lutter contre les insectes
nuisibles.
L’autre solution complémentaire est l’utilisation
des composts et en particulier le lombricompost, une matière organique de qualité qui s’utilise à des
doses dix fois plus faibles que le fumier.
A Madagascar, la productivité des exploitations est souvent faible et les techniques employées
menacent la qualité et la quantité des ressources naturelles disponibles, dans un contexte de
changement climatique impactant la résilience des agrosystèmes. De fait, les exploitants ont recours
à des pratiques agricoles peu durables pour maintenir ou augmenter la production et subvenir aux
besoins d’une population toujours plus nombreuse.
Dans le cadre de ses différents projets, Agrisud International et ses partenaires diffusent des
systèmes de cultures/élevages agroécologiques, permettant une gestion durable de la fertilité des
sols et une augmentation durable de la productivité et de la résilience agricole.
Tout en tenant compte des caractéristiques et des contraintes spécifiques des zones d’intervention,
une dizaine de pratiques agroécologiques de base ont fait l’objet d’une étude spécifique : il a été
constaté que ces pratiques agroécologiques sont en général appréciées par les producteurs, mais
les niveaux d’adoption de ces pratiques different entre régions, et entre producteurs d’une même
région, alors que les moyens et méthodes de diffusion sont similaires.
Ainsi, pour mieux comprendre ces différences et pour mener une stratégie de diffusion et
d’accompagnement adéquate, Agrisud a mené des analyses comparatives de données et
d’informations issues de différentes Régions, influençant l’adoption de ces pratiques. Les résultats
des analyses ont mis en évidence des ressemblances mais aussi quelques différences entre les
zones étudiées.
Le niveau d’adoption est influencé par des facteurs externes à l’exploitation tels que la disponibilité
de biomasse végétale nécessaire à la fabrication du compost et des biofertilisants liquides, le niveau
de fertilité et d’érosion du sol. Mais il y a aussi l’influence des facteurs internes à l’exploitation
comme l’effet des pratiques sur le rendement des cultures et la trésorerie de l’exploitation.
Les freins à l’adoption des pratiques agroécologiques sont eux, souvent liés à des aspects socioéconomiques
internes à l’exploitation (disponibilité de main d’oeuvre et des matériels agricoles,
connaissances techniques des exploitants) ou liés à son environnement socio-culturel immédiat
(pratique de feux de brousse, vols de zébus, sécurité foncière).
La présentation conclut sur la pertinence et les liens à faire dans la mise en oeuvre des actions
de développement ciblées sur une zone d’intervention (au niveau des exploitations agricoles ou
au niveau du territoire). Celles-ci sont renforcées par les décisions et actions politiques en faveur
d’un développement agricole durable et constituent des leviers complémentaires et efficaces pour
appuyer le développement d’une agriculture durable.
Sont également invités à partager leurs expériences/résultats de leur recherche les grandes
exploitations et les acteurs de l’Agriculture Biologique.
Thématiques de présentations suivi de question-réponses
1. L’Agro-écologie en réponse aux enjeux du changement climatique et la sécurité alimentaire
2. Quels systèmes de production Post COVID 19 en réponse à la sécurité alimentaire
3. La gestion durable des terres (GDT) en lien avec la productivité agricole et la lutte contre
la désertification
4. Quelles alternatives autour des Aires protégées et des Parcs nationaux
5. L’Agriculture biologique, enjeux, opportunités pour les petits producteurs
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 Alternatives autour des Aires protégées et des Parcs nationaux : cas du projet
Talaky (Anosy)
Le corridor forestier de Beampingaratsy dans la région Anosy est soumis à une forte déforestation
qui participe au changement climatique et dont la première cause est la riziculture pluviale sur
abbatis-brûlis. Les itinéraires culturaux pratiqués ne permettent pas l’exploitation durable des
terres et, avec la démographie, ils participent à la faillite des systèmes agricoles itinérants et
impactent la capacité des populations à vivre décemment de leurs terres.
Le projet TALAKY, financé par l’AFD et mis en oeuvre par les ONG Nitidæ et Agrisud International
dans 7 communes périphériques du massif de Beampingaratsy, allie conservation de la forêt,
développement agricole et renforcement des capacités de gestion des collectivités territoriales
locales pour permettre la préservation des écosystèmes naturels, la restauration des sols et
l’émergence de visions d’aménagements durables.
La composante agricole du projet propose aux agriculteurs riverains du massif des alternatives
durables à l’exploitation des sols forestiers. La compréhension de l’utilisation traditionnelle des
parcelles défrichées a permis de définir trois niveaux d’intervention :
1. Les terres agricoles : Dans les systèmes traditionnels, les terres sont exploitées chaque année
sans fertilisation d’abord en riz puis en manioc à mesure que la fertilité est consommée.
L’augmentation de la population ne permet plus d’assurer les temps de jachères suffisant. Le
projet accompagne des aménagements à l’échelle des versants combinant lutte-antiérosive
et valorisation pérenne pour ralentir la dégradation des espaces agricoles. La construction de
micro-périmètres irrigués permet également d’améliorer le potentiel rizicole de la zone.
2. Les exploitations agricoles : les agriculteurs sont accompagnés dans l’évolution de leurs
exploitations dans une perspective agroécologique et économique durable. Il s’agit d’améliorer
les itinéraires techniques de cultures déjà présentes (SRA, basket-compost, rotations
et associations) mais aussi de diversifier les exploitations pour améliorer leurs revenus
(agroforesterie, gingembre, micropeuplements forestiers) et leur résilience (introduction et
utilisation des plantes de services).
3. Les services agricoles à l’amont et à l’aval : du fait de son enclavement et des faibles moyens
financiers des agriculteurs, les services agricoles sont peu développés. Le projet accompagne
l’acquisition de compétences et/ou la formalisation de services contribuant au développement
des alternatives durables. Il s’agit de producteurs d’intrants (pépiniéristes, PMS), de traitement
post-récolte (batteuse, décortiqueuse) ou d’organisations professionnelles pour valoriser les
produits à haute-valeur ajoutée (coopérative négoce de baie rose).
S’il est possible de mesurer les actions entreprises auprès des producteurs et de suivre l’évolution
de la déforestation, les liens de causalité entre ces éléments ne sont pas évidents à affirmer. La
déforestation est due à des causes multiples qui se situent autour de l’économie, de la gestion
lignagère, de facteurs socio-culturels, etc. De plus, les réalités sociales et légales (gestion du
foncier) peuvent être très variables d’un village à l’autre d’où des variations également dans les
motifs d’exploitations de la forêt.
La présentation alimentera les réflexions de la journée en proposant quelques solutions apportées
par le Développement (=réussites des programmes PHCF puis Talaky) à ce problème complexe,
mais aussi en présentant quelques pistes d’études pour le secteur de la Recherche qui pourraient
aider à résoudre certaines difficultés rencontrées.