A Madagascar, l’agriculture familiale constitue la base de la production agricole et de la sécurité alimentaire (Sourisseau et al, 2014) et les exploitations agricoles familiales fournissent la plus grande partie des emplois à la population active (Instat, 2014). Etant donné le faible niveau de développement des autres secteurs économiques, du niveau élevé de la croissance démographique et de l’importance des cohortes annuelles de nouveaux actifs, il est fort probable que ces unités de production continueront d’être au coeur des dynamiques d’emploi et de développement dans les régions rurales pour de nombreuses années encore. Et ceci malgré des indicateurs de pauvreté très élevés dans les zones rurales qui traduisent notamment la faiblesse de la productivité du travail. C’est pour ces raisons que l’agriculture est considérée, par au moins une partie des décideurs, comme un secteur prioritaire d’action pour réduire la pauvreté. Le gouvernement de Madagascar a élaboré et adopté un Programme Sectoriel Agricole, Élevage, Pêche (PSAEP) et un Plan National d'Investissement Agricole, Élevage et Pêche (PNIAEP). Le PSAEP quantifie, à l’horizon 2025, les principales interventions à mener et le PNIAEP fixe les principaux indicateurs, quantifie les axes prioritaires et évalue les budgets. L’objectif global est de « réduire le taux de pauvreté de la population, vivant en-dessous du seuil de 1,25 USD par jour en passant de 82% à 20% en 2025 ». Et la vision portée par ces programmes est que « Madagascar en 2025, s’appuie sur une production Agricole 2 compétitive et durable, intégrant des exploitations familiales et des unités de transformation modernisées pour assurer la sécurité alimentaire et conquérir les marchés d’exportation » (Ministère de l'Agriculture, 2015). Les actions prévues visent de nombreux objectifs et en particulier « d’accroitre durablement la productivité et promouvoir des systèmes de production compétitifs en considérant tous les facteurs de production et les différents services aux producteurs ». C’est dans ce contexte, que s’insèrent les travaux du dispositif de recherche et d’enseignement en partenariat sur les systèmes de production d’altitude et durabilité (dP SPAD) à Madagascar. Les résultats déjà obtenus se déclinent en termes de variétés améliorées, de nouvelles et bonnes pratiques agricoles, de techniques de lutte contre les maladies et les ravageurs, d’intégration agriculture-élevage, de Systèmes à Semis-direct sur couverture végétale (SCV) ou Agriculture de Conservation (AC), etc. La finalité visée à travers la mise au point et la diffusion de ces innovations, est de contribuer à la lutte contre la pauvreté par l’amélioration de la productivité et de la durabilité de l’agriculture des Hautes Terres et du Moyen-Ouest. Dans ces régions, comme dans tout le pays, les systèmes agraires évoluent pour s’adapter aux chocs et aux changements induits par les évolutions climatiques, démographiques, intentionnelles et économiques. Il est donc nécessaire d’actualiser, si possible régulièrement, les connaissances sur les systèmes agraires, d’améliorer la compréhension du fonctionnement et des stratégies des exploitations agricoles familiales, d’évaluer les niveaux d’adoption des innovations, et de disposer d’éléments pour mieux apprécier leurs besoins. Cette connaissance est indispensable pour cibler, formuler et orienter les actions de recherche finalisée et de développement. Deux thèses ont été engagées sur ces thématiques dans le dP SPAD avec une démarche empirique. Et c’’est dans ce cadre, que des enquêtes auprès d’un échantillon d’exploitations agricoles ont été menées dans le Moyen-Ouest de la région du Vakinankaratra. Un dispositif spécifique d’enquêtes a permis de collecter, en 2014 et 2015, des informations quantitatives et qualitatives sur les caractéristiques structurelles (les dotations en capital ou ressources), les stratégies, les pratiques et les performances (agronomiques, économiques et sociales) d’un échantillon, tiré au sort, de 240 exploitations agricoles familiales dans quatre communes du Moyen Ouest. Une base de données relationnelle a été élaborée pour stocker, apurer, et réaliser les premiers traitements des informations. Ce rapport présente les principaux résultats des travaux d’analyse de cette base de données, menés avec une démarche descriptive et compréhensive du fonctionnement des exploitations agricoles du système agraire de cette région du Moyen-Ouest.