Le rapport présente les activités du GSDM pour l’année 2021
dans le cadre du Projet d’Amélioration de la Productivité
Agricole à Madagascar (PAPAM), du Projet MANITATRA
2, du Projet GIZ/ProSol, du GIZ/ProSar et des appuis
expertises au bénéfice des projets /programmes et des
activités propres du GSDM.
Le rapport présente les « Journées Agroécologiques du Boeny »; Composées de 3 journées dont 2 journées de visite sur terrain, et d’une journée de restitution en salle à « l’Hôtel LES ROCHES ROUGES » Mahajanga suivi de la projection du film d’animation 3D « Ny fambolena maharitra ho an’ny taranaka mifandimby » en dialecte local dans la salle de projection de la « Maison de la culture » mahajanga.
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : Capitalisation de quelques expériences paysannes dans la mise à l’échelle de
l’agro-écologie
Experts des réalités sociotechniques de leur milieu, les paysans se livrent des fois à des expériences
tendant à adapter les connaissances agro-écologiques acquises auprès des formateurs. Réussis,
les résultats de ces adaptations se diffusent de paysans à paysans mais se limitent à quelques
villages près de celui au niveau duquel elles ont été découvertes. La capitalisation et la mise
en commun de ces acquis pourrait être un atout dans la diffusion de l’agro-écologie au niveau
local. De plus, les effets positifs des visites échanges organisées sur la diffusion des techniques
innovantes ont encore été vérifiés dans le cadre du projet Manitatra II.
Conscients des contraintes intrinsèques à leur environnement, les paysans développent des
innovations afin d’assurer le succès de leur adoption :
Dans le Vakinankaratra, l’association des plants d’arbre avec des cultures vivrières (arachide, pois
de terre, manioc) permet de valoriser un terrain qui vient d’être boisé pendant au moins trois
saisons. Les paysans sont beaucoup plus motivés à entretenir une parcelle où il y a des cultures
vivrières par rapport à des parcelles de reboisement en pure. Ces soins assurent une croissance
rapide aux plants d’arbre. Les parcelles sont aussi protégées contre le feu et la divagation. En
Androy, il arrive que les paysans aspergent les plants d’arbre avec du purin afin de les protéger
des ruminants qui des fois les broutent avec les herbes.
Afin de garantir une couverture permanente du sol, il est nécessaire de dérober les cultures
conventionnelles à cycle court avec des plantes couvrantes annuelles comme le mucuna. Avant, il
a été préconisé d’introduire le mucuna durant la phase de maturation des légumineuses comme
le soja, le niébé ou le haricot. Or, il est connu que l’intérêt que procure le mucuna dépend de la
densité de sa biomasse. Ainsi, il a été démontré que la mise en dérobée juste après la formation
des gousses permet au mucuna d’avoir une plus longue phase végétative et ainsi d’assurer une
bonne couverture du sol après la récolte des autres cultures. Il a été aussi constaté que les
touffes de mucuna maîtrisent bien les plantes envahissantes comme l’Acanthospermum austral
(tangongo) en l’empêchant de produire des graines.
Concernant l’association riz pluvial au cajanus, on a constaté que la période d’installation du
cajanus ne devrait pas être la même sur les hautes terres (1300 – 1600 m d’altitude) que dans
le Moyen Ouest de Vakinankaratra (500 – 1500 m d’altitude). Dans le Moyen Ouest, le cajanus
installé après le deuxième sarclage du riz (fin janvier – mi-février) donne de bonne biomasse
après la récolte du riz. Par contre, sur les hautes terres où il fait beaucoup plus froid, les plants de
cajanus installé à la même période restent chétifs et sans biomasse. A partir de ces observations
effectuées au niveau paysane, il est préférable, en plus de jouer sur les écartements des lignes
de semis, d’habiller les parcelles de riz de la haute terre, plus tôt, vers mi-janvier.
Présentation atelier Interface Recherche et Développement 2020 : Capitalisation des résultats en Agriculture de Conservation durant les deux
années de MANITATRA II : focus sur la performance des systèmes à base
de Mucuna
Actuellement, le GSDM assure la mise en oeuvre du projet MANITATRA II dans la Région de
Vakinankaratra. Ce projet est financé par l’UE par l’intermédiaire du COMESA dans le cadre du
programme Global Climate Change Alliance Plus (GCCA +) des pays d’Afrique, des Caraïbes et du
Pacifique (Intra ACP). Le projet intervient dans 17 communes de la région de VAKINAKARATRA, et
couvre deux écosystèmes différents : le Moyen-Ouest et les Hautes Terres.
Dans la Région du Vakinankaratra, on a constaté une forte expansion du riz pluvial. Cela est due aux
résultats des chercheurs qui ont permis de découvrir des variétés performantes de riz pluvial. Mais
avec la pratique des techniques conventionnelles, les sols se dégradent énormément. La régression
des rendements combinée à la hausse des pressions des bioagresseurs amènent les paysans à
trouver d’autres tanety pour le riz. Enfin, la Région est très sensible au changement climatique.
Durant ces deux années du projet, on a constaté que la pratique de l’Agriculture de Conservation
associée à d’autres pratiques agro-écologique, apparait comme la meilleure alternative pour
exploiter durablement les tanety et adoucir les impacts du changement climatique.En effet,
en fonction de la zone et des objectifs des exploitations, le projet propose plusieurs plantes de
couverture : Stylosanthes, Mucuna, Niébé David, Cajanus cajan, Soja…. Les parcelles en Agriculture
de Conservation présentent, généralement, des rendements toujours supérieurs à ceux en
conventionnel.
Si on prend l’exemple du riz pluvial, un sondage fait par l’équipe du projet au niveau de 499 parcelles
en conventionnel a donné un rendement moyen de 1.376kg/ha. Pour la même periode, sur 462
parcelles de riz pluvial installées sans labour sur des résidus de culture, le rendement moyen passe
à 2.640kg/ha, soit le double du rendement en conventionnel sur labour. Cependant, le rendement
diffère également en fonction de la plante de couverture utilisée. Les nombreux projets antérieurs
ont toujours ressorti la performance du Stylosanthes. Ceci reste la meilleure plante de service pour
la régénération des sols dégradés mais la mise à l’échelle de la diffusion connait des difficultés avec
les petits agriculteurs de moins de 3ha.
Pourtant, la campagne 2019/20 nous a également permis d’apprécier la performance du Mucuna
comme précédent du riz pluvial. Cette plante produit des biomasses aériennes inférieures à celles
du Stylosanthes, mais tout aussi importante. Elle permet également d’avoir des parcelles propres
au moment du semis. De plus, le Mucuna est une plante répulsive qui limite l’attaque des insectes
comme l’Heteronychus sp, la chenille légionnaire d’automne, …. Enfin, si toutes les capitalisations
en matière d’Agriculture de Conservation avancent toujours des impacts positifs des systèmes sur
le rendement à partir de la troisième, quatrième, voire cinquième année. Les systèmes à base de
Mucuna présentent déjà une augmentation significative des rendements à partir de la première
année. En effet, 66 parcelles des paysans encadrés par le projet ont fait l’objet d’une installation
de riz pluvial sur des mulch de Mucuna (ou maïs + mucuna en dérobé). Le rendement moyen
est 3.260kg/ha. Chez certains Champ Ecole Paysan (CEP) et parcelles d’application des écoles
encadrées par le projet, on a même enregistré des rendements de riz pluvial pouvant atteindre
jusqu’à 5.725kg/ha sur des parcelles avec précédent jachère de Mucuna, d’où l’engouement des
paysans pour le mucuna en 2020– 2021.