Experts des réalités sociotechniques de leur milieu, les paysans se livrent des fois à des expériences tendant à adapter les connaissances agro-écologiques acquises auprès des formateurs. Réussis, les résultats de ces adaptations se diffusent de paysans à paysans mais se limitent à quelques villages près de celui au niveau duquel elles ont été découvertes. La capitalisation et la mise en commun de ces acquis pourrait être un atout dans la diffusion de l’agro-écologie au niveau local. De plus, les effets positifs des visites échanges organisées sur la diffusion des techniques innovantes ont encore été vérifiés dans le cadre du projet Manitatra II. Conscients des contraintes intrinsèques à leur environnement, les paysans développent des innovations afin d’assurer le succès de leur adoption : Dans le Vakinankaratra, l’association des plants d’arbre avec des cultures vivrières (arachide, pois de terre, manioc) permet de valoriser un terrain qui vient d’être boisé pendant au moins trois saisons. Les paysans sont beaucoup plus motivés à entretenir une parcelle où il y a des cultures vivrières par rapport à des parcelles de reboisement en pure. Ces soins assurent une croissance rapide aux plants d’arbre. Les parcelles sont aussi protégées contre le feu et la divagation. En Androy, il arrive que les paysans aspergent les plants d’arbre avec du purin afin de les protéger des ruminants qui des fois les broutent avec les herbes. Afin de garantir une couverture permanente du sol, il est nécessaire de dérober les cultures conventionnelles à cycle court avec des plantes couvrantes annuelles comme le mucuna. Avant, il a été préconisé d’introduire le mucuna durant la phase de maturation des légumineuses comme le soja, le niébé ou le haricot. Or, il est connu que l’intérêt que procure le mucuna dépend de la densité de sa biomasse. Ainsi, il a été démontré que la mise en dérobée juste après la formation des gousses permet au mucuna d’avoir une plus longue phase végétative et ainsi d’assurer une bonne couverture du sol après la récolte des autres cultures. Il a été aussi constaté que les touffes de mucuna maîtrisent bien les plantes envahissantes comme l’Acanthospermum austral (tangongo) en l’empêchant de produire des graines. Concernant l’association riz pluvial au cajanus, on a constaté que la période d’installation du cajanus ne devrait pas être la même sur les hautes terres (1300 – 1600 m d’altitude) que dans le Moyen Ouest de Vakinankaratra (500 – 1500 m d’altitude). Dans le Moyen Ouest, le cajanus installé après le deuxième sarclage du riz (fin janvier – mi-février) donne de bonne biomasse après la récolte du riz. Par contre, sur les hautes terres où il fait beaucoup plus froid, les plants de cajanus installé à la même période restent chétifs et sans biomasse. A partir de ces observations effectuées au niveau paysane, il est préférable, en plus de jouer sur les écartements des lignes de semis, d’habiller les parcelles de riz de la haute terre, plus tôt, vers mi-janvier.