Résumé: La vallée Marianina est un ensemble géographique qui trouve ses limites entre la retenue du barrage  de Bevava et le seuil d’Ambohiboromanga. L’ensemble du site se situe sur la Commune rurale d’Ilafy.  On peut distinguer, dans cette vallée comme un peu partout autour du lac Alaotra, trois types d’unité  paysagère : les tanety, les baiboho et les bas‐fonds. On retrouve dans cette vallée des phénomènes  d’érosion  intenses.  Les  sédiments  érodés,  en  provenance  des  lointains  bassins  versants,  se  concentrent dans le fond de la vallée. Les rivières vont alors déborder ou les digues vont rompre sous  la pression d’un flux très chargé provoquant dans les deux cas un ensablement des rizières.   La vallée Marianina bénéficie depuis une cinquantaine d’année d’aménagements hydroagricoles. Plus  récemment,  les  agriculteurs  de  la  vallée  ont  pu  avoir  des  encadrements  et  profiter  également  de  politiques de vulgarisation.  Les formes d’occupation de l’espace et les évolutions démographiques  de  la  vallée  sont  toutes  éminemment  liées  à  l’agriculture.  Originellement  peuplé  de  joncs  et  de  roseaux,  le  fond  de  vallée  est  aujourd’hui  entièrement  mis  en  culture  (rizières).  Cette  évolution  agricole est évidemment à mettre en parallèle avec l’expansion démographique que connait la vallée  passant de 2542 habitants en 1960 à 17398 lors du dernier recensement de 2010.     Depuis 1993, la rive gauche de la vallée bénéficie de l’eau du barrage de Bevava. Ainsi, l’ensemble de  la rive gauche, environ 1000 hectares, devient un périmètre irrigué. A ce titre, ce territoire fait alors  partie  du  réseau  géré  par  la  Fédération  des  Associations  des  Usagers  du  Réseau  (FAUR).  Pour  la  vallée Marianina, cinq Associations d’Usagers de l’Eau assurent en effet la gestion de leur réseau.  Elles  collectent  également  une  redevance  auprès  des  usagers  pour  pouvoir  assurer  les  frais  de  fonctionnement de la Fédération et les frais d’entretien du réseau. Ce système n’est actuellement  pas autonome puisqu’il bénéficie des financements de l’Agence Française de Développement (AFD).  Régulièrement, de lourds travaux (réparation de digue) doivent être réalisés. En 2013, le contrat avec  l’AFD prendra  fin et la FAUR devra assumer seule toutes ses dépenses. De nombreux acteurs locaux  restent sceptiques quant à la viabilité de cette autonomie financière. Il y a donc un grand pas à faire.  Les fonds récoltés par la FAUR auprès de ses usagers ne pourront pas augmenter démesurément. Il  faut limiter les dépenses et donc limiter les coûteux travaux. Ceci n’est envisageable que si on agit  sur les origines du problème et non plus sur ses conséquences. On voit alors l’importance des liens  entre les bassins versants et les périmètres irrigués pour la gestion durable de ce territoire agricole.  Pour  cette  « bonne  gestion »,  plusieurs  outils  sont  à  disposition  des  acteurs  locaux.  Les  facilités  d’obtention  d’un statut foncier permises par la création des guichets fonciers dans les communes  rurales pourront permettre une meilleure gestion individuelle des terres. De nouvelles acquisitions  foncières sont en effet possibles dans les tanety, là d’où proviennent les problèmes d’ensablement.  Ces  statuts  fonciers  devront  être  associés  à  des  mesures  agro‐écologiques  de  mise  valeur  qui  permettront de limiter l’érosion.   L’organisation de gestion de l’eau en place fonctionne mais semble encore fragile. Il semble pourtant  nécessaire  de  devoir  élargir  son  domaine  d’action  pour  aller  vers  des  questions  territoriales  plus  larges qui vont au‐delà de la simple gestion du périmètre irrigué. L’eau suit une logique de déclivité  entre  amont  et  aval.  La  gestion  de  l’eau  devrait  donc  suivre  la  même  logique  que  celle  de  l’écoulement et ce à tous les niveaux d’actions : l’usager, l’association, la fédération.