Les cultures en semis direct sous couverture végétale (SCV) sont des techniques agro-écologiques qui présentent de nombreux avantages sur le plan environnemental. Leur objectif principal est de préserver la fertilité du sol (Husson, 2006). Elles ont déjà été adoptées par les plus grands pays agricoles du monde comme les USA, le Brésil et l’Australie. Elles consistent à couvrir le sol de manière permanente en associant ou en faisant une rotation de différents types de culture. Les SCV permettent de limiter la dégradation physique du sol ainsi que l’érosion car la couverture permanente permet de juguler les impacts mécaniques de la pluie et du ruissellement. Ils limitent également le travail du sol en profondeur et le préserve des effets néfastes du labour. Sur le plan physique, ils renforcent la macro porosité, l’aération et l’infiltration de l’eau, et contribuent efficacement à l’amélioration des bilans hydriques lesquels constituent un élément prépondérant dans le cycle végétatif des plantes. Ils enrichissent le sol en matières organiques et améliorent la structure du sol par le développement d’une biomasse racinaire issue de la couverture vive. Ils favorisent également le recyclage des éléments minéraux par la couverture morte et augmentent la disponibilité de l’azote du sol lorsque des légumineuses sont utilisées en plantes de couverture. Au niveau biologique, les effets des SCV se traduisent par une diversification de la mésofaune et de la microflore. D’un point de vue économique, les SCV permettent de diminuer le temps de travail du sol et le coût total en main d’œuvre en supprimant la phase de labour. La restructuration du sol et l’augmentation de la fertilité des sols qu’ils induisent permettent également d’augmenter les rendements des cultures vivrières (riz, maraîchage) tout en réduisant les intrants (Dabat et al.; 2003a). Ces techniques diminuent le coût de production par rapport aux techniques de cultures traditionnelles car les dépenses liées à la fertilisation et au labour de la surface cultivée sont réduites. Le revenu des paysans est ainsi amélioré. Par ailleurs, une fraction de la biomasse produite par ces innovations peut être valorisée pour l’alimentation fourragère des bovins, notamment des bovins laitiers. Ces techniques permettent in fine d’assurer la sécurité alimentaire familiale qui est l’un des objectif du chef d’exploitation et un apport probable de revenus pour les paysans (production de surplus de riz, élevage, production de lait, investissement des revenus supplémentaires dans l’agriculture), tout en préservant la durabilité de l’agro-système au sein des systèmes de cultures pluviaux. Au cours des dernières années, les structures d'encadrement agricole (FIFAMANOR, ONG TAFA, et d'autres ONG) ont développé une approche visant à intégrer l’agriculture et l’élevage. Dans ce cadre, d’importants travaux sur les cultures fourragères et leur usage bivalent en tant que plante de couverture et en tant qu’aliment pour le cheptel laitier ont été entrepris. Ces techniques agro-écologiques sont largement diffusées depuis une dizaine d’années par des gros projets de développement visant à protéger les bassins versants de l’érosion et à restaurer la fertilité des collines les plus dégradées (BV-LAC et BVPI), et sont coordonnées au niveau national (GSDM). Cependant, à ce jour, peu de solutions techniques satisfaisantes sont disponibles et prêtes à être vulgarisées pour un usage des biomasses disponibles par les animaux. 4 Dans le cadre général de l’intégration au sein des exploitations des activités de culture et d’élevage, l’optimisation de la gestion de la biomasse produite dans les SCV constitue une question de recherche essentielle : identifier un optimum en terme de durabilité économique dans le choix des itinéraires techniques et l’utilisation bivalente (cultures vivrières, produits d’élevage) de la biomasse de couverture. L’objectif de l’étude est avant tout de nature économique : l’intégration des SCV avec l’élevage laitier permet d’augmenter la disponibilité des ressources fourragères pour les animaux, d’améliorer la production laitière et la fertilisation des sols par le fumier, et d’accroître au total le revenu des paysans (Lecomte, 2003). L’augmentation du revenu se fait donc sur deux fronts, d’un côté via l’agriculture par la réduction des coûts de production et l’augmentation des rendements vivriers, et de l’autre côté via l’élevage laitier par l’accroissement de la production et la valorisation agricole des effluents d’élevage.