La majorité de la population de Madagascar vit des revenus de sa production agricole. La région des Hautes Terres située en zone montagneuse est constituée de collines et de bas-fonds irrigués qui permettent la culture du riz qui reste le plus souvent prioritaire. L’accroissement démographique et la saturation des terres irriguées, impliquent la mise en culture des tanetys, le développement des cultures pluviales ainsi que la diversification dans l’élevage. D’autre part, le développement de la filière laitière depuis les années 1970 et la tentative de diffusion des techniques de semis direct sous couverture végétale (SCV) laisse apparaître une gestion délicate de l’intégration agriculture-élevage. Dans un contexte d’utilisation de l’approche « exploitation » par le principal projet de développement local (BVPI-SEHP) et la nécessité de comprendre des systèmes de production diversifiés, le CIRAD, à travers le projet CORUS a proposé un stage sur la modélisation des exploitations agricoles laitières et l’identification d’une typologie des élevages laitiers dans le Vakinankaratra. Aujourd’hui sur les Hautes Terres, les systèmes SCV ne sont pas diffusés. La valorisation quasi-totale des résidus et de la biomasse végétale est orientée vers l’alimentation des vaches laitières, dont la production joue un rôle essentiel au soutien économique des exploitations agricoles de la région. La récente crise politique et économique de 2009 a eu des répercussions importantes sur la filière lait. La fermeture de l’usine principale collectrice de lait (TIKO, 50% du marché) ainsi que la désorganisation de la collecte a entraîné la chute du prix du lait, mettant en danger les investissements effectués par les exploitants dans la production laitière. En 2010, la situation s’est stabilisée, les prix sont globalement revenus au niveau antérieur à la crise. La filière poursuit son effort de restructuration avec la création de nouveaux débouchés (transformation) et l’apparition de petits collecteurs privés. En parallèle, les ONG, coopératives et autres structures d’appui sont très dynamiques dans la reconstruction de la filière. Cette étude est basée sur des données d’enquêtes débutées en 2007 et mises à jour au cours de ce stage pour l’année 2010. L’adaptation des éleveurs laitiers à la crise de 2009 est plus particulièrement analysée, ainsi que les stratégies développées afin de maintenir l’économie de l’exploitation et les conséquences qui en découlent. Ceci nous permettra d’apprécier la durabilité et la résilience de leurs systèmes de production. L’objectif de l’étude est la compréhension globale du fonctionnement des pratiques des exploitants laitiers et de leurs stratégies, dans l’optique de proposer des solutions techniques adaptées pour maintenir ou augmenter durablement leurs revenus. L’analyse est faite sur 3 zones aux caractéristiques morphologiques et historiques différentes qui représentent la diversité du triangle laitier, principale région productrice de lait du pays. A l’intérieur de ces zones sont identifiés des types d’exploitations basés sur les différentes stratégies d’alimentation du cheptel laitier qui reflètent les degrés d’intensification et de diversification des exploitations rencontrées. Des enquêtes économiques complémentaires sont réalisées et les informations sont intégrées dans un modèle du logiciel de modélisation économique Olympe (INRA/CIRAD/IAMM). A l’aide de ce logiciel, sont élaborés des scénarios prospectifs, rendant compte de l’efficience et des risques des choix techniques qui peuvent être adoptés par les exploitants ainsi que l’analyse d’une situation avant et après crise (depuis 2008). Après avoir décrit le cadre de l’étude à travers les caractéristiques spécifiques au pays et à la région, nous détaillerons les objectifs de stage et la demande du projet pour les partenaires locaux. Nous nous attarderons par la suite à la description des méthodes et des outils utilisés au cours du stage. Enfin, nous présenterons les résultats d’enquête et de modélisation afin de les analyser en les replaçant dans le contexte dans une dernière partie