L’Afrique Subsaharienne connaît depuis plus de 50 ans une forte croissance de la population qui correspond à la première étape du processus de transition démographique. Le nombre d’habitants a été multiplié par 3,8 entre 1960 et 2010 (de 220 à 830 millions), ce qui s’est traduit par une densification des territoires, de forts processus migratoires et une urbanisation rapide. Cette croissance démographique devrait se poursuivre et les projections des Nations Unies prévoient près de 2 milliards d’habitants en 2050, ce qui constitue un défi majeur pour le développement durable de cette région du monde. L’Agence Française de développement (AFD) est un établissement public du dispositif français de coopération. Elle finance et accompagne des projets et programmes de développement durable et de renforcement des capacités dans les pays du Sud. Dans son cadre d'intervention pour la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne, l’AFD met en avant la nécessité de sortir des strictes approches sectorielles agricoles et promeut une approche de développement intégrée articulée sur le renforcement des dynamiques territoriales en relation avec les évolutions démographiques. C’est dans ce cadre de prise en compte des interactions entre enjeux démographiques et planification territoriale que l'AFD a engagé une étude de prospective territoriale menée avec une démarche de recherche-action intitulée « Prospective territoriale sur les dynamiques démographiques et le développement rural en Afrique subsaharienne et à Madagascar ». Cette étude entend contribuer aux réflexions en cours sur l’élaboration de politiques de développement territorial à des échelles infranationales, sur des territoires d’action a priori ciblés par les politiques de décentralisation. L’étude se veut exploratoire ; elle a pour but, dans les Régions de Ségou (Mali), et du Vakinankaratra (Madagascar), de produire des méthodes de diagnostic et de prospective de ces territoires, qui alimentent la réflexion sur les grandes orientations de développement qui seraient souhaitables. Elle combine ainsi : (i) une analyse « classique » des ressources territoriales et des trajectoires de développement des deux Régions, incluant notamment un focus sur les enjeux démographiques, et une projection dans l’avenir, sous la forme de prévisions de population à 20 ans et de ses implications sur l’emploi ; et (ii) la construction participative de visions du futur par des personnes ressources actrices du développement régional. L’atelier de prospective sur les avenirs de Vakinankaratra, objet de ce compte rendu, s’est tenu à Antsirabe du 17 au 21 août 2015. C’est une étape importante de la méthodologie mise en oeuvre. Il intervient après qu’aient été engagés des travaux pour dresser, à partir de la biographie disponible et des données qui ont pu être rassemblées, un diagnostic territorial et démographique, rétrospectif sur une trentaine d’années. Des projections démographiques jusqu’en 2035 complètent ce diagnostic. Enfin, pour préparer cet atelier et prendre en compte la perception que les acteurs locaux ont de leur territoire, des enquêtes ont été réalisées (voir infra). Tous ces travaux, en cours de finalisation, ont été utilisés pour identifier les forces de changement à l’oeuvre sur le territoire et établir une première liste qui a servi de base de discussion au démarrage de l’atelier. Cet atelier avait pour but de construire de manière participative un diagnostic prospectif et des trames de scénarios à l’horizon 2035. Il n’avait pas pour but de prédire l’avenir, mais de mieux comprendre les évolutions possibles du territoire et d’être en meilleure capacité d’influer sur ces trajectoires. Ces scenarios sont bâtis sur des hypothèses d’évolution de forces de changement internes et l’identification de possibles points de rupture dans la trajectoire territoriale, qui sont testés et discutés. L’atelier est une étape importante de cette étude qui s’inscrit dans une dynamique impulsée par des acteurs nationaux et régionaux, soucieux d’adosser la définition des orientations de développement et d’aménagement du territoire, à une démarche prospective et participative.