L’économie malgache dépend essentiellement de l’agriculture. Or, son devenir se trouve compromis par des modes de production qui déstabilisent les conditions environnementales, économiques, sociales, voire sociétales. Ces modes de production conduisent à exercer un poids considérable sur l’accès au foncier, menacent les revenus agricoles, et favorisent l’exode rural. Les mouvements migratoires qui en découlent, alimentent le chômage en milieu urbain sans résoudre les problèmes dans les zones rurales. Cette dynamique remet alors en cause le développement de l’ensemble du pays. La présente thèse propose de construire une relation entre la question du développement durable et les processus de diffusion des innovations dans les milieux paysans. La problématique de recherche porte donc sur les caractéristiques et l’impact des innovations sur le développement des territoires ruraux, qui conduirait au maintien d’une paysannerie active. Le processus d’innovation porte plus précisément sur les systèmes à base de semis direct sous couverture végétale (SCV). En s’appuyant sur les apports de Schumpeter et des néo-schumpétériens, puis des sociologues de l’innovation pour l’analyse de la construction socio-technique et économique des systèmes SCV, il s’agit d’étudier l’influence des conditions techniques, économiques et sociales sur les processus d’adoption. Les résultats obtenus montrent le caractère progressif de la diffusion, et l’importance des effets d’entraînement induits. En se basant sur la dynamique d’évolution des réseaux, ce travail met en évidence le lien étroit qui s’établit entre la notion de développement durable et les processus d’apprentissage liés à l’adoption des systèmes SCV. Ces processus favorisent ainsi la diffusion de nouvelles techniques, et débouchent sur une construction durable du développement, dans la société paysanne.