Le riz occupe une place très spéciale à Madagascar, sa culture est profondément ancrée dans les traditions malgaches et son importance dans l’agriculture nationale n’est plus à démontrer. Malheureusement, la filière stagne et la production malgache n’arrive plus, depuis plusieurs années, à satisfaire la demande qui est en constante augmentation. Le niveau de rendement est faible avec seulement 2T/ha de moyenne nationale. Pour répondre à ce besoin d’augmenter la productivité et les surfaces rizicoles, quatre systèmes de cultures améliorés ont été proposés au fil du temps aux riziculteurs malgaches. Deux systèmes de riziculture aquatique, le SRA et le SRI, et deux systèmes de riziculture pluviale, le RPA et le SCV. Certains de ces systèmes sont diffusés depuis plusieurs années aux paysans malgaches et les résultats obtenus en terme d’adoption sont globalement décevants. L’étude réalisée ici, en s’appuyant sur une double analyse de données qualitatives (obtenues au cours des entretiens de l’enquête) et de données quantitatives (obtenues par le biais de l’étude et d’une enquête préliminaire du programme Ilo) a cherché à mettre en avant les facteurs limitant ou favorisant l’adoption de ces systèmes rizicoles. L’analyse des données qualitatives a ainsi permis d’avancer un certain nombres d’hypothèses concernant l’adoption des innovations techniques, mais l’analyse de corrélation réalisée avec les données quantitatives de l’étude n’a pas permis d’affirmer ou d’infirmer la validité de ces hypothèses. Ces hypothèses portent sur plusieurs aspects des innovations. La diffusion de ces innovations techniques, dont l’intensité ne fait que diminuer avec le désengagement progressif de l’Etat dans son rôle d’appuis techniques à la production, est désormais pris en charge par les ONG. Mais sans coordination et sans pérennisation de leurs actions, ces ONG risquent de manquer d’efficacité et de message clair vis à vis des agriculteurs. Concernant le contenu des innovations, la demande en investissement (financier ou en temps de travail) nécessaire à la pratique de ces techniques, si minime soit elle, semble représenter un réel frein à l’adoption des pratiques. Concernant la capacité des agriculteurs à s’approprier ces systèmes améliorés, il semble que le bas niveau scolaire du monde rural et le poids des pratiques traditionnelles dans la culture malgache limitent aussi en partie l’adoption de ces méthodes. Au final , il en résulte qu’une action de fond doit être effectuée, tant sur les aspects éducatifs et de formation agricole qu’au niveau des infrastructures de communication (réseau routier) et des services de base dont devraient disposer l’ensemble des agriculteurs (accès aux crédits et aux intrants). Cette action devrait se réaliser dans sur un laps de temps suffisamment long pour laisser le temps aux agriculteurs de s’approprier complètement les systèmes de cultures mis à leur disposition. Ils sembleraient que seule la synergie de l’ensemble de ces facteurs permettent d’obtenir des résultats intéressants pour une augmentation durable des rendements agricoles.