Capital naturel et développement durable en Afrique
Ce document de travail souligne le paradoxe entre une faible prise en compte du capital naturel dans les politiques d'aide au développement « favorable aux pauvres » et l'importance pratique de ces ressources pour les pauvres. Il propose un argumentaire pour compléter, tout particulièrement en Afrique, les paradigmes actuels de la lutte contre la pauvreté par un volet consacré à la préservation des ressources naturelles renouvelables. Le paradigme actuel des politiques d'aide au développement est la « croissance favorable aux pauvres ». On constate qu'il est peu question du capital naturel dans ce paradigme. Certains « biens publics globaux » (BPG), en revanche, sont des biens environnementaux : climat, biodiversité. La préservation d'un capital naturel est alors au coeur des actions destinées à produire ces biens publics. Mais ce capital naturel producteur de BPG est fréquemment pris dans une contradiction entre objectifs locaux de court terme et objectifs globaux. Nous citons deux études récentes qui illustrent le lien entre pauvreté et ressources naturelles renouvelables, ainsi que les résultats du rapport de la Banque mondiale : «Where is the Wealth of Nations’ » sur la composition de la richesse des pays africains. Ces études montrent l'importance du capital naturel pour les pays les plus pauvres. Prenant l'exemple de l'Afrique, nous examinons la diversité des fonctions économiques des ressources naturelles. Nous en proposons alors une typologie que nous résumons dans un schéma : le « triangle du capital naturel ». Nous présentons enfin une esquisse de modélisation de la relation entre capital naturel et développement : le « modèle aux élastiques». Nous montrons ensuite qu'en Afrique, l'absence, pour une grande majorité de pauvres, d'opportunité alternative ou de substituabilité facile du capital naturel plaide pour une approche « plus naturelle » du développement. La conclusion souligne donc la nécessité de prendre beaucoup mieux en compte le capital naturel renouvelable et sa conservation dans les politiques de développement en Afrique. Les documents de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) actuels et les projets du Plan Marshall » sont en effet encore trop centrés sur le capital humain d'une part, sur le capital physique d'autre part. Les ONG spécialisées dans la sauvegarde de la biodiversité telles WWF, CI ou l'UICN, ont commencéde compléter leurs engagements sur la biodiversité par des préoccupations concernant le capital social concourant à la préservation ou les effets économiques des aires protégées. Les bailleurs de fonds ont un parcours symétrique à faire, en incorporant plus d'actions sur le capital naturel dans leurs financements, par exemple : préservation des sols, des ressources halieutiques, des forêts.
Mots-clés : méthodologie, Socio-économie, politique publique