La faible fertilité des sols est un élément majeur expliquant la grande vulnérabilité économique des agriculteurs et le risque élevé d’insécurité alimentaire. La fertilité des sols, qui tend à diminuer du fait de l’exportation d’éléments nutritifs dans les récoltes et des pertes par lixiviation et érosion, non compensées par l’apport de fertilisants, est alarmante en Afrique, d’autant que l’accès aux fertilisants est toujours plus problématique. Dans un tel contexte, le développement de systèmes de production plus efficients, associant agriculture et élevage, apparait comme une voie possible d’amélioration de la résilience des systèmes de production en termes de gestion des biomasses et des nutriments. Dans des systèmes à faibles apports d’intrants, une connaissance précise des bilans minéraux, donc des transferts de fertilité, à travers l’estimation des bilans organiques et minéraux suite à l’exportation de produits agricoles (grains, pailles, fourrages) ou à l’apport de résidus (amendements organiques, fumiers, composts), est indispensable pour une bonne gestion des ressources minérales à l’échelle de l’exploitation agricole. Des échantillons de riz, de fourrage, de fumier ont été collectés au niveau de diverses parcelles agricoles et analysés pour leurs teneurs en C et nutriments (N, P, K, Ca, Mg). Au niveau de quatre fermes du Vakinankaratra en agriculture-élevage, des bilans globaux des transferts de biomasses et d’éléments minéraux ont aussi été réalisés. L’ensemble des biomasses analysées ont été caractérisées par spectrométrie proche infrarouge (SPIR) et des modèles de prédiction des teneurs en C, N, P, K, Ca et Mg ont été proposés. Les transferts d'éléments nutritifs induits par les récoltes (riz et fourrage) ont entraîné des exportations importantes de nutriments hors de la parcelle : 57 kg N ha-1 , 6 kg P ha-1 et 33 kg K ha-1 lors de l’exportation de pailles et grains de riz ; 115-160 kg N ha-1 , 20-40 kg P ha-1 et 110-230 kg K ha-1 pour des fourrages produisant 10 t ha-1 de matière sèche. Les bilans globaux des fermes ont révélés des pertes en C, N, P, K, Mg au niveau du compartiment agriculture qui ne sont pas compensés par l’apport du fumier provenant du compartiment élevage. Néanmoins, dans les grandes exploitations laitières, l’achat d’aliments du bétail, riches en N et minéraux (notamment Ca), limite ce déséquilibre. Les modèles de prédiction des teneurs en C et N développés présentent de bonnes précisions (R2 v > 0,80). Des résultats acceptables (R2 v de 0,69 à 0,77) et encourageants ont été obtenus pour prédire les nutriments (P, K, Ca, Mg) des biomasses avec une méthode de calibration en LOCAL. Ces résultats mettent en évidence l’aptitude de la SPIR pour être utilisée en complément ou en remplacement des méthodes analytiques existantes, afin de contribuer à mieux gérer les ressources minérales à l’échelle d’une exploitation