L’agriculture du Sud-Est malgache est caractérisée par un milieu physique difficile et un manque de moyens matériels et financiers. Les rendements des cultures vivrières (riz, tubercules) sont faibles et les cultures de rente comme l’agro-forêt sont mal valorisées par un manque de technique agricole et des bas prix. L’élevage est quasi-inexistant et ne permet pas aux paysans de dégager des revenus importants. Le projet BVPI SE/HP a pour objectif d’augmenter les revenus des agriculteurs qu’il encadre. La cellule du projet veut aujourd’hui dépasser le conseil à la parcelle et appréhender les systèmes à l’échelle de l’exploitation. Le but de notre stage était de créer un réseau de fermes de référence qui permette d’accorder le conseil agricole à chaque type d’exploitation. Pour créer cet outil, nous avons enquêté une centaine de fermes dans cinq zones différentes. A partir des données récoltées, nous avons identifié une typologie d’exploitations et choisi les fermes de référence qui composent le réseau final. Leur modélisation sous le logiciel Olympe ouvre des possibilités d’analyse économique de ces exploitations et de simulation de scénarii envisageables pour le futur. Pour appréhender les exploitations dans leur globalité, il nous a paru judicieux de les classer en fonction de leurs stratégies. En effet, les stratégies sont liées aux contraintes et aux opportunités qui pèsent sur les exploitations. Ainsi, les paysans du type 1 possèdent beaucoup de parcelles, ce qui leur permet d’être autosuffisants et monétarisés, tout en s’affranchissant des activités hors exploitation. Ceux du type 2 ont bénéficié d’une éducation et/ou d’une formation et leur revenu provient principalement d’une activité hors exploitation régulière : instituteur, retraite militaire… Certains agriculteurs possèdent suffisamment de terres pour nourrir toute leur famille toute l’année par autosuffisance. Parmi ceux-là, certains parviennent à vendre du surplus de production ou à pratiquer des activités hors exploitation suffisamment pour dégager un produit brut total d’au moins 60 kAr par an et par personne du ménage. Ils composent le type 3 : les agriculteurs autosuffisants et monétarisés. Les agriculteurs qui sont juste autosuffisants et n’atteignent pas ce niveau de revenu forment le type 4. Enfin, et le plus souvent, les ménages ne sont pas autosuffisants et ont besoin d’acheter de la nourriture pour compléter leur production. Ceux qui sont monétarisés de la même façon que le type 3 sont les agriculteurs du type 5. Les paysans du type 6 n’y parviennent pas, et sont dans une situation difficile. Parmi tous les paysans enquêtés, nous avons choisi une trentaine d’exploitations pour former le réseau de fermes de référence de la région du Sud-Est. Elles ont toutes été modélisées sous le logiciel Olympe. Dans les années à venir, ces fermes vont évoluer et vont probablement passer d’un type à un autre. Les jeunes familles des types 3 et 4 qui s’agrandissent sont ainsi susceptibles de perdre leur autosuffisance. En revanche, l’émergence de nouvelles activités agricoles ou non, pouvant être initiées par le projet BVPI, favorisera la monétarisation et la sécurité alimentaire d’autres ménages. Pour anticiper l’impact des nouvelles activités proposées par le projet, Olympe sera utilisé en tant qu’outil de simulation de scénarii. Cet outil très intéressant décrit finement les systèmes d’activité des ménages et leurs résultats économiques. Mais il demande des informations de haute qualité difficiles à obtenir pour les exploitations agricoles malgaches. Idéalement, il faudrait organiser une nouvelle collecte d’informations auprès des paysans, qui soit plus 101 précise et plus fiable que nos courtes phases d’enquêtes. Pour l’utiliser, les opérateurs du projet devront investir du temps et des compétences informatiques que nombre de conseillers agricoles ne possèdent pas. Bien utilisé, ce réseau de fermes de référence permettra à terme d’affiner le choix des techniques diffusées par le projet et ses opérateurs. Olympe est un très bon outil de prise en compte à long terme du risque engendré par les nouveautés agricoles dans une exploitation. Toutes les alternatives ne conviennent pas à tous les paysans. Les systèmes SCV, SRI/SRA et l’amélioration de la qualité des agro-forêts pourront être diffusés selon leur cohérence avec les exigences imposées par les milieux physique et social de chaque exploitation.