Les fumiers de bovins sont une importante source de fertilisant et d’amendement pour les exploitations agricoles. Divers mécanismes biogéochimiques, notamment ceux associés au cycle de l’azote, induisent des pertes d’éléments nutritifs (notamment d’azote) lors du stationnement au champ des fumiers. La conservation de l’azote et des autres éléments minéraux est primordiale pour développer une agriculture durable, dépendant le moins possible de l’apport de fertilisants minéraux ou de synthèse. C’est dans ce sens que la présente étude a été menée pour quantifier l’azote qui peut être perdu lorsque les exploitants épandent leurs fumiers au champ. Deux essais ont été effectués dans la commune rurale d’Andranomanelatra. Lors du premier essai, trois facteurs sont étudiés tels que : (i) le type de fumier qui diffère suivant le mode de stockage à la ferme avec fumier à fosse couverte (FC), à fosse non-couverte (FNC), à tas couvert (TC) et à tas non-couvert (TNC) ; (ii) le temps de stationnement du fumier au champ (T0, T2, T4, T8, T16, T32) et (iii) la taille du tas, en grand tas (GT) et en petit tas (PT). Des prélèvements de fumier suivant ces trois facteurs ont été effectués. L’azote (Ntot, Nmin tot, N-NH4 + , N-NO3 - ), la teneur en Ctot et les teneurs des autres éléments minéraux majeurs (Ptot, Ktot, Catot et Mgtot) ainsi que le pH des fumiers ont été quantifiés. Pour le second essai, un fumier stocké en fosse couverte (FC) a été stationné en grand tas pendant huit jours (T0, T2, T4, T8) et soumis à un arrosage correspondant à une pluie simulée de 50 mm. Des prélèvements de sol (0-10 cm) ont été réalisés et les teneurs en N du sol (Nmin tot, N-NH4 + , N-NO3 - ) mesurées. Le temps de stationnement a des effets importants sur les pertes en azote minéral, particulièrement durant les deux premiers jours des essais au champ. La perte par volatilisation, qui correspond à une transformation de l’ammonium (N-NH4 + ) en ammoniac (NH3) atteint 22% de l’ammonium présent initialement dans les fumiers. Par contre, l’azote organique n’a pas été minéralisé durant les 32 jours de stationnement et n’a donc pas contribué à la volatilisation. Les autres éléments n’ont pas non plus été perdus durant le stationnement. La taille du tas n’a pas eu d’effet significatif sur la perte en azote. L’essai de lixiviation a induit la perte par lixiviation de 74,5% de l’azote minéral total du fumier vers le sol pendant les deux premiers jours après la pluie simulée. Des pertes importantes d’azote minéral ont lieu par volatilisation et lixiviation pendant les deux premiers jours après l’épandage des fumiers. Un enfouissement rapide du fumier dans le sol permettrait de limiter les pertes par volatilisation.