Séminaire Agroécologie - Intensification écologique des systèmes de culture de Montpellier du 06.05.2014 : Agriculture de conservation et biomasse : nourrir le sol et/ou le bétail? / K. Naudin (Unité Cirad Aïda), O. Husson
L’agriculture de conservation (AC) repose sur la production et la conservation de la biomasse sur la parcelle. Les fonctions remplies par la biomasse peuvent être nombreuses :
(i) en tant que couverture végétale : réduction de l’érosion, amélioration du bilan hydrique des cultures, contrôle de l’enherbement, apport en carbone et en azote, recyclage des nutriments, augmentation de l’activité biologique, etc.) ;
(ii) en tant que combustible domestique ou industriel ou ;
(iii) en tant que fourrage.
Dans de nombreux pays en voie de développement la biomasse aérienne des plantes, cultivées ou non, sert à alimenter le bétail. Cette compétition pour l’utilisation de la biomasse est une des causes majeures de la difficulté de la pratique de l’AC, d’autant plus que l’accès aux parcelles après la culture est souvent libre (vaine pâture) et que la pression du bétail est importante. Il s’agit donc de rechercher des compromis entre des fonctions agronomiques de la biomasse à l’échelle de la parcelle et des fonctions à l’échelle de l’exploitation. Ces compromis portent sur les différentes fonctions agronomiques entre elles ou entre ces fonctions agronomiques et l’exportation pour alimenter les animaux. Ils ont jusqu’ici été peu traités, ni dans la littérature scientifique, ni dans la littérature technique.
Avec 80% de la population active, l'agriculture est le pilier de l'économie à Madagascar. Pourtant, ce secteur est aujourd'hui en danger. La déforestation, la surexploitation des terres, la faible productivité et l'insécurité foncière sont autant de facteurs qui contribuent à la baisse du rendement des sols et menacent la sécurité alimentaire de l'île.
Afin d'enrayer l'appauvrissement des terres, l'Agence Française de développement (AFD) développe l'usage de l'agroécologie auprès des paysans malgaches avec l'appui du Cirad. Cette technique consiste à protéger les sols par une couverture végétale, supprimant ainsi le labour et limitant le recours aux engrais. Elle permet de restaurer la fertilité de la terre, de limiter l'érosion des bassins versants et de réduire les émissions de gaz carbonique. Le développement de l'agroécologie est une entreprise de longue haleine. Il ne peut réussir qu'à condition de renforcer en parallèle la formation, la sécurisation des terres et l'accès des paysans au marché et au crédit.
Trois principes fondamentaux du Semis Direct:
1. Minimiser la perturbation du sol et de la litière (pas de travail mécanique du sol).
2. maintenir le sol couvert en permanence par biomasse vivante ou morte.
3. Produire et restituer au sol une forte biomasse par associations/successions d’une diversité de plantes aux fonctions multiples
Pour bénéficier rapidement des effets des pratiques SCV, il est nécessaire d’obtenir un fort différentiel “biomasse restituée au sol - biomasse perdue” dès les premières années d’entrée dans des systèmes SCV. Ce fort différentiel permet à ces systèmes de remplir leurs fonctions écosystémiques, et conduisent à une amélioration rapide des sols et à la restauration d’équilibres écologiques. Ces améliorations, dans un cercle vertueux, facilitent l’obtention d’une production importante de biomasse et permettent d’alimenter facilement la “pompe” des SCV les années suivantes. Sur des sols dégradés, l’obtention d’une forte production de biomasse les premières années passe par la restauration de la fertilité par apport d’engrais (organiques ou minéraux), écobuage et/ou utilisation de plantes de couverture capables de produire une forte biomasse sur des sols peu fertiles. Plus les sols sont dégradés, plus “l’amorce” des systèmes SCV est difficile, longue et/ou coûteuse.
Depuis 2004, le Cirad apporte un appui au ministère de l'Agriculture, des forêts et de la pêche du Cambodge sur le transfert et l'adaptation des techniques de Semis directs sur Couverture Végétale (SCV) aux conditions bio-physiques et socio-économiques des producteurs familiaux. Ces travaux de recherche-action se sont en premier lieu orientés sur l'agriculture pluviale à base de plantes annuelles, maïs, manioc et soja principalement ; plus récemment, des développements complémentaires ont porté sur les différentes formes de rizicultures, inondées et irriguée. Au travers d'exemples, la présentation illustre comment la méthodologie mobilisée, "pour, chez et avec" les agriculteurs, permet d'établir les possibilités et les conditions d'une diffusion des SCV à l'usage des opérateurs du développement. Cette mise en perspective dépasse le seul questionnement technique et milite pour une approche systémique du développement agricole à l'échelle du bassin de production.
La dégradation de l’environnement, l’évolution de la demande des produits alimentaires et
non alimentaires, la globalisation des marchés et les fluctuations rapides des prix des produits
agricoles conduisent à une modification rapide des systèmes de production et nécessitent des
changements profonds des pratiques (Meynard et al., 2012). Les systèmes de culture doivent
évoluer pour s’adapter à ces changements et faire face aux tensions qui en découlent : tensions
entre rentabilité économique et préservation de l’environnement, entre intérêt individuel des
exploitations et gouvernance territoriale, et entre filières (Meynard et al., 2012).
L’agriculture de conservation (AC), en rupture avec les systèmes conventionnels, ouvre de
nouvelles perspectives pour des systèmes de culture combinant durabilité et profitabilité. Elle
se décline autour de trois principes fondamentaux : (i) un travail du sol minimal, si possible
nul ; (ii) une couverture permanente du sol et (iii) des rotations/associations de cultures
(Kassam et al., 2009). Mais les performances de l’AC sont variables et les systèmes doivent
être adaptés localement, en fonction des conditions agro-climatiques et socio-économiques
(Erenstein, 2003; Lestrelin et al., 2012). L’adaptation de ces systèmes à des milieux très
divers demande de revoir leur mode de conception et l’accompagnement de leur diffusion.
Ceci est particulièrement vrai pour les systèmes à base de riz pluvial, qui représentent 40 %
des surfaces cultivées en riz en Afrique (Bernier et al., 2008) et sont à la fois mis en œuvre
dans une très grande diversité de situations, très sensibles à la dégradation des sols et exposés
à de fortes fluctuations des marchés.
Propositions concrètes pour la construction d'une agriculture durable performante et gérée au plus près de l'écologique , sur couverture végétale permanente, dans un environnement protégé en Haïti - 2ème partie et fin
. Réorientation en année 3 du projet PAC. Ebauche résumée d'une agriculture durable à plus long terme : vers la création d'une plateforme multi institutionnelle et d'un réseau agroécologie en Haïti (2° partie et fin).
La diffusion des innovations SCV comporte une multiplicité d’enjeux techniques, organisationnels, institutionnels,socio-culturels visant à la préservation des ressources naturelles.Elle ne peut s’organiser comme des innovations simples telles que la diffusion d’une nouvelle variété ou d’un nouvel outil de mécanisation agricole. La petite agriculture familiale en zone cotonnière se caractérise par un accès difficile. Ce volume récapitule les acquis de la Démarche gestion des terroirs et l’aménagement de l’espace pour la diffusion des SCV d’un point de vue conceptuel comme sur le contenu pratique. Cette démarche est fondée d’abord sur des principes généraux d’ensemble. Elle est ensuite déclinée à différentes échelles (nécessaires et complémentaires), pour chacun des aspects techniques, comme organisationnels.
Ce chapitre a pour objet de présenter les différents matériels de mécanisation utilisés dans la diffusion des SCV, en insistant sur leurs forces et faiblesses, ainsi que leurs fabricants. Il dresse le récapitulatif des outils de mécanisation testés au Nord-Cameroun, et leurs conditions d’utilisation et leur efficacité.