Action 6 :
Réintégrer le girofle et l’ylang-ylang présents dans les
systèmes agroforestiers locaux comme éléments moteurs de
la formation du revenu agricole et de son amélioration
potentielle pour le projet DAHARI
Cette première mission d’appui à l’ONG Dahari a permis d’identifier un gap significatif dans
l’approche que l’ONG a développé quant à l’importance relative des différentes cultures, de
l’élevage et des activités extra-agricoles (off-farm), dans la constitution des revenus, dans la
robustesse des exploitationsagricoles sur l’ile d’Anjouan.
En particulier elle a mis en évidence la nécessité absolue de (re)mettre au centre de la réflexion les cultures de rentes traditionnelles que sont le giroflier et l’ylang-ylang.
Afin d’aller plus loin et d’alimenter la réflexion qui pourrait être mobilisée dans un futur projet
d’appui à l’ONG Dahari, les missionnaires se sont engagés à promouvoir et encadrer un stage à proposer à un étudiant ingénieur agronome dans le cadre de la convention Agreenium/FIDA. L’étude proposée (avec le stage associé) permettra àl’ONG Dahari de pouvoir effectivement mesurer les revenus, l’impact des actions et mieux identifier les domaines réels d’amélioration des systèmes,et donc des revenus.
Contribution du giroflier à la sécurité alimentaire des
ménages agricoles dans la région de Fénérive-Est,
Madagascar
Modélisation économique et analyse prospective
La région d’Analanjirofo est composée de collines avec une mosaïque de parcelles où coexistent des
systèmes de culture monospécifiques et des associations entre cultures de rente et cultures vivrières.
Les bas-fonds sont occupés par le riz irrigué où l’eau est plus ou moins contrôlée. Le giroflier est
passé par des phases de plantation dynamiques (années 1920 et 1950) et d’autres sans plantation
au cours du XXème siècle. Le système giroflier en général semble en perte de vitesse depuis
quelques d’années (Danthu, 2014). L’objectif du projet ASF4Food est de promouvoir le renforcement
de la sécurité alimentaire des ménages ruraux africains via l’amélioration des systèmes de culture de
rente en association avec des cultures vivrières. Ce projet s’étend sur trois pays : le Cameroun avec la
culture du cacao, le Kenya avec le café et Madagascar avec la culture du girofle (African Union,
2011). Cette étude s’insère dans le cadre de ce projet et a pour principal objectif de mettre en lumière
le fonctionnement économique des différents types d’exploitations agricoles qui cultivent le giroflier, à
l’aide de modélisations et de simulations économiques.
Le Lac Alaotra est une région importante pour Madagascar car considéré comme le
premier grenier à riz du pays. Cependant, la région souffre de nombreuses contraintes
pédoclimatiques : une érosion importante du sol, une forte pression sur les ressources
naturelles par la pression démographique et une variabilité importante des pluviométries.
Face à ce constat, des programmes de recherche commun nationaux et français ont mis
en place des activités de recherche tel le Centre International de Recherche et d’Aide au
Développement (CIRAD), le FOFIFA ou l’ONG TAny sy FAmpandrosoana (TAFA) alors
que la diffusion des techniques de l’agriculture de conservation (AC) ou systèmes de culture
sous couvert végétal (SCV) a été faite de 2003 a 2013 par le projet de développement BV-Lac
(sur financement Agence Française de Développement). Comme définis par la FAO en 2008,
l’AC répond à trois principes : i) perturbation minimale du sol, ii) protection du sol par une
couverture végétale, iii) rotation de culture et association de plantes. L’objectif de ces
systèmes de culture est de stabiliser les productions, de préserver les ressources naturelles
vers une agriculture durable et d’augmenter la fertilité des sols en relançant leur vie
biologique (Scopel E. et al. 2004).
L’histoire de l’évolution de l’agriculture au lac Alaotra, grenier à riz de Madagascar, région à forte immigration et zone
de prédilection de l’aide publique au développement, s’alimente de diverses temporalités. Pour le montrer, les auteurs
s’appuient sur un cadre d’analyse qui met en perspective l’instabilité des politiques agricoles, le temps compté des projets
de développement et de recherche qui appuient le changement technique, le cheminement aux durées variables de l’adoption
des propositions techniques, de l’innovation et au
L’agroécologie, et plus particulièrement l’agriculture de conservation (AC), reconnue dans le monde
comme un modèle d’agriculture durable, connaît des difficultés de diffusion au niveau des petites
exploitations agricoles. Face aux enjeux de dégradation des ressources, notamment la fertilité du sol,
l’implication des politiques publiques est souvent évoquée comme une des conditions nécessaires au
développement de ce modèle. Au cœur des préoccupations du GSDM, professionnels de
l’agroécologie à Madagascar, cette réflexion est ramenée aux contextes malgaches. Ce travail,
constitue une première étape à cette réflexion.
Notre démarche vise à analyser les politiques publiques depuis 50 ans à Madagascar au regard de la
durabilité de l’agriculture et des exploitations agricoles, en vue de ressortir des hypothèses d’impact
des politiques publiques et/ou des hypothèses de conditions de développement de l’AC. Notre cadre
d’analyse combine trois entrées théoriques : l’économie institutionnelle, l’analyse cognitive des
politiques publiques et la déclinaison de concept de durabilité des exploitations agricoles proposée par
la méthode IDEA (Indicateurs de durabilité des exploitations agricoles) ; et ce par une revue
analytique des politiques publiques et un travail empirique dans une zone du Moyen Ouest de
Madagascar.
Cette étape a ainsi montré la nécessité d’approfondir l’analyse du rôle des acteurs dans la conception
et la mise en œuvre des politiques publiques comme condition de continuité et d’efficacité des
politiques menées. L’étude suggère également une relation de causalité entre la structure des
exploitations agricoles et les conditions d’accès aux mesures politiques qui devront être approfondis
par une analyse de l’impact des politiques publiques sur les exploitations.
L’objectif de cette thèse est d’apporter de compréhension des processus d’innovation
des exploitations agricoles familiales suite à de nombreuses introductions des innovations
techniques et organisationnelles depuis les années 60 dans la zone de Lac Alaotra. Malgré
l’évolution des planifications des politiques publiques successives et la mise en œuvre des
actions concrètes des projets de développement agricole, on constate que, la pratique des
techniques moins performantes reste toujours ancrée dans les habitudes des exploitations
agricoles familiales et par conséquence le rendement reste insatisfaisant. L’approche par
périodisation et typologie adoptée nous a permis d’évoquer les éléments clés de l’évolution
des exploitations agricoles ainsi que de comprendre l’influence des politiques de
développement rural malgache sur les processus d’innovation.
Les résultats de ce travail ont permis d’abord de mettre en relief les relations
significatives, entre les approches et les techniques de vulgarisation utilisées par les
opérateurs de développement travaillant sur place. Ensuite, l’étude a mis en évidence que
l’adoption des nouvelles techniques culturales ne dépend directement pas ni de la nature des
approches des acteurs de développement successifs, ni de la ressource financière des
agriculteurs mais plutôt en fonction de la pertinence de l’innovation par rapport aux objectifs
de l’exploitant. Pour les exploitations agricoles familiales de notre zone d’étude, les objectifs
et la planification des stratégies de mises en œuvre sont avant tout de dimension sociale avant
d’être économique dans le sens propre du terme. Ainsi, la différence entre le niveau de
compréhension dans la priorisation des objectifs et des stratégies à court et à moyen terme
entre les Exploitants Agricoles Malgaches et les Acteurs de Développement Agricole figurent
parmi les principaux facteurs bloquants de la réussite des innovations techniques et
organisationnelles imposées ou proposées jusqu’ici.
L’ensemble des outils : formation, enquêtes, RFR, analyse des scenarios, analyse
prospective… ont contribué a mettre en place une démarche exploitation visant a intégrer
toute introduction technique (agriculture de conservation, techniques d’élevage …) ou
organisationnelle (crédit , OP…) dans la logique de fonctionnement global d’une exploitation
agricole. Nous pouvons distinguer deux résultats principaux de la mise en place de scenarii
d’analyse prospective. Tout d’abord, la mise en place des scenarii a un rôle pédagogique
important. Le projet dispose également d’un certain nombre de données génériques sur
l’impact des principales technologies diffusées par le projet (SCV, élevage amélioré,
intégration agriculture-élevage, reboisement, crédit, etc.) sur les types d’exploitations
majoritaires. Les principaux résultats en fin de projet sont les suivants :
- Un support de formation à l’approche exploitation : car la conception d’Olympe
repose sur un certain nombre de définitions issues de l’analyse systémique, son
utilisation dans le cadre de la mise en place des scenarii offre à l’utilisateur une
représentation cohérente des exploitations agricoles.
- Une vision de l’impact des technologies sur les performances technico-économiques
des exploitations : l’interprétation des scénarii par les opérateurs s’appuie sur des
graphiques (calendrier de travail, évolution du revenu, etc.), ou des tableaux (compte
d’exploitation, recettes-dépenses, etc.). Ces modes de représentation permettent de
visualiser efficacement les effets des scenarii sur les exploitations. Ainsi que la mise
en place de scénarii permet d’apporter aux opérateurs une meilleure « vision » de
l’impact potentiel des technologies qu’ils diffusent (techniques agro-écologiques,
crédit, etc.) sur les performances technico-écologiques des exploitations.
- Une aide au montage du plan de travail annuel (PTA) : a condition de précéder le plan
de travail annuel (PTA), la mise en place des scenarii permet de comprendre sur
quelques fermes :i) l’ensemble des appuis possibles et ii) l’impact potentiel de ces
appuis sur les exploitations agricoles et le risque qui y est associé. La mise en place
des scénarii permet donc aux opérateurs l’aide au montage du PTA.Pour les Agents
Vulgarisateurs de Base (AVB), la mise au point des scénarii est également une
initiation modeste au montage du PTA.
- Une capacité accrue dans le choix des itinéraires : La mise en place de scénarii, permet
d’accroitre les capacités des opérateurs à adapter le niveau d’intensification des
itinéraires techniques à l’exploitation. En effet, la comparaison des performances
économiques des itinéraires techniques standards permet de proposer à l’exploitant un
itinéraire adapté à sa situation et sa capacité d’investissement.
4
- Un renforcement des capacités aux calculs économiques : La mise en place de scénarii
permet de renforcer les capacités aux calculs économiques de base des opérateurs.
- Un échange des expériences : lors de l’élaboration d’un scénario, la discussion offre
une interface d’échange et de comparaison des expériences individuelles des
techniciens.
La suite logique de la mise en place de l’approche exploitation en 2006 au sein du projet a été
la mise en démarche d’une démarche conseil de gestion ou conseil à l’exploitation, effective
entre 2010 et 2013, centrés en partie sur l’utilisation d’un cahier d’exploitation familial
(CEF), d’un PTA simplifié ou de fiches simplifiées.
Les perspectives futures sont multiples. Les activités de conseil ont été réalisées autour des
fermes pilotes ou modèles, des groupes associés, et au total des quelques 600 personnes
formées (une partie étant réellement utilisatrices, entre 300 et 400 personnes). Une partie des
groupements, formels ou informels, constituent de fait des plates-formes d’innovation
potentielles ou des formes de dynamisation endogène, d’utilisation des savoirs locaux
pourraient être développés avec un appui extérieur.
Rapport de synthèse pour BV-lac 2006-2013
Mesure d’impact sur les exploitations agricoles :
l’estimation des productions, la démarche
exploitation : les outils de modélisation.
Les activités générales du volet « professionnalisation des organisations professionnelles »
étaient centrées sur les points suivants : i) Extension progressive des organisations
professionnelles, ii) Mise en place de l’approche « exploitation » avec les opérateurs des
projets à travers des formation et la mise en place d’outils simples permettant la réalisation
d’un conseil technique mieux approprié tenant compte des réalités et des types d’exploitations
agricoles de la région : mise en place, gestion et utilisation du réseau de fermes de références.
Formation à l’analyse socio-économique, à l’analyse prospective pour la définition de
scénarios de développement et d’évolution des trajectoires d’exploitation (pour le conseil
technique), iii) Appui à la cellule pour la rédaction de documents de travail thématiques ou
méthodologiques (série « document de travail »), iv) Formation des opérateurs à la mesure
des impacts du projet (réseau de fermes de référence, caractérisation et modélisation des
exploitations agricoles) : conception et la mise en œuvre des outils de mesure des résultats du
Projet auprès de ses groupes cibles et v) Analyse des données issues des réseaux de fermes de
référence pour la compréhension des stratégies paysannes
Madagascar est une île située dans l’océan indien, séparée de l’Afrique par le canal du Mozambique.
La diversité des climats présents –tempéré sur les Hautes Terres, tropical sur les plaines côtières du
Nord, Est et Ouest, semi-aride dans les régions du Sud et Sud-ouest – permet la production d’une
large gamme de culture. Les plus réputés à l’exportation sont la vanille, le café, le cacao, le clou de
girofle et le poivre. Hormis l’agriculture, le développement du tourisme et l’exploitation de mines
pèsent lourd dans l’économie Malgache. Cependant, malgré ces ressources apparentes, la crise
politique qui sévit dans le pays depuis 2009, à laquelle s’ajoute une récession mondiale depuis 2007
empêche la grande île de décoller économiquement. En effet, son Produit Intérieur Brut (PIB) est l’un
des plus faibles au monde (World Bank, estimation 2010).
La consommation annuelle moyenne de riz à Madagascar s’élève à 140 kg par personne en 2000
(FAO, 2004). ’est la seconde consommation par habitant la plus élevée au monde, la riziculture est
donc primordiale sur cette île qui produit 95% de sa consommation (FAOSTAT, 2010). La culture de
riz irrigué n’étant pas suffisante à la consommation nationale, la production de riz pluvial sur tanety
(collines) et dans les zones de baiboho (zones colluviales) s’est largement développée dans de
nombreuses régions de l’île.
L’étude se situe dans le Moyen Ouest du Vakinankaratra. Les cultures de tanety sont souvent
conduites de manière conventionnelle : la pratique du labour est couplée à l’absence quasi
systématique d’apport de fumure minérale (la fumure organique étant insuffisante pour couvrir les
exportations de nutriments), entrainant une minéralisation rapide des sols, et une baisse rapide de la
fertilité. De plus, le labour, couplé à une saison des pluies intense, génère une forte érosion. Ainsi, les
systèmes de culture actuels, du fait de la fragilité de l’écosystème, ne permettent pas de concilier les
objectifs de production et de durabilité.
Cette zone de Madagascar a été peuplée relativement tardivement ; elle est considérée comme un
front pionner peu préoccupé par la durabilité de l’agriculture. Cependant, la baisse des rendements
après quelques années de cultures en traditionnel implique l’introduction de temps de jachère et des
rotations de cultures laissant une large part au manioc en extensif, au détriment d’autres cultures.
Pour contrer ce phénomène et proposer une alternative à cette forme minière d’agriculture, un
projet de développement couplé à des programmes de recherche ont été mis en place dans cette
zone depuis 2005. L’opérateur FAFIALA à travers du projet de développement BVPI (Bassins Versants
/ Périmètres Irrigués) qui a débuté en 2008 (fin du projet janvier 2013), et le programme de
recherche coordonné par le SCRID (Unité de Recherche en Partenariat /Systèmes de Culture et
Rizicultures Durables) visent à mettre en place des systèmes de production alliant intensification de
la production et protection de l’environnement. Le thème technique central concerne la diffusion
des systèmes de cultures de semis direct sous couvert végétal (SCV ou agriculture de conservation),
ensemble de pratiques appartenant à l’agro-écologie.
Pour permettre une optimisation du développement agricole, le projet BVPI a d’adopté une
approche « exploitation » qui ne prend pas uniquement en compte les paramètres des parcelles
(facteurs techniques et agronomiques), mais le système de production dans son intégralité.
Le présent rapport a pour objectifs la caractérisation des exploitations du moyen ouest du
Vakinankaratra et l’élaboration d’une typologie des fermes de cette zone. Cette typologie prendra en
compte des exploitations adoptant les systèmes de culture S V, et d’autres n’ayant pas été
9
sensibilisées à cette pratique culturale, afin d’être la plus représentative possible de la situation de la
zone d’étude. Cet outil permettra de différencier, selon des critères précis, les différents types
d’exploitations.
Commanditée par l’unité de recherche S RID dans le cadre du projet de recherche ETH, cette
typologie permettra de mieux connaître les stratégies paysannes de la zone afin d’orienter la
recherche vers des modèles applicables dans des exploitations réelles.
Pour élaborer cette classification, il a fallu aborder les points suivants :
• Quelles sont les caractéristiques des exploitations agricoles de la région (agronomiques,
sociales, technico- économiques)?
• Quels sont les objectifs de différentes exploitations, et leurs stratégies pour y répondre ?
• Quelles sont les perceptions des différents agriculteurs face aux systèmes de SCV ?
L’objectif final, outre la connaissance des exploitations de la zone d’étude et l’élaboration de la
typologie, sera d’identifier un réseau de fermes de références (RFR) qui sera modélisé avec le logiciel
Olympe en 2013.
Cette étude se porte principalement sur l’historique et la gestion actuelle des trois anciennes concessions situées en périphérie d’Ambodifotatra, la capitale de l’île (annexe 1: carte des trois concessions). Ces trois concessions appartiennent à trois grandes familles coloniales, la famille Joseph, d’origine indienne, la famille Maximin et la famille Jacobo d’origine française. Le principal objectif de cette étude est de comprendre l’évolution et la trajectoire de ces concessions et répondre à la question suivante: Y a-t-il renouvellement de la culture de girofle dans ces trois concessions coloniales?
Notre hypothèse principale est qu’il y a pas ou peu de renouvellement de la culture de girofle dans les grandes concessions coloniales pour des raisons qui vont être présentées dans l’étude suivante.