La croissance démographique et la pression sur les bas-fonds sont les principales raisons qui obligent les agriculteurs à mettre en culture les collines ou « tanety ». Cependant, les sols ferrallitiques de « tanety » sont caractérisés par leur acidité et leur faible disponibilité en phosphore (P). Les oxyhydroxides de fer et d’aluminium présents en quantité abondante adsorbent très fortement le P du sol. La fertilisation azotée est complémentaire à la fertilisation phosphatée puisque l’azote (N) participe à l’élaboration du rendement. Toutefois, des apports de N sous forme minérale pourraient avoir des effets néfastes sur la durabilité des ressources naturelles incluant le sol et l’eau. L’association légumineuse-céréale pourrait alors remplacer les apports de N puisque les légumineuses sont aptes à améliorer la fertilité azotée du sol via la fixation symbiotique de l’azote et faire profiter le N fixé à la céréale associée. Ainsi, pour pouvoir améliorer la disponibilité du P et du N et dans un but final d’amélioration du rendement, une expérimentation agronomique a été mise en place sur un sol ferrallitique de « tanety ». Du riz et du haricot ont été cultivés en intercalaire sur le dispositif expérimental et trois facteurs y ont été étudiés : (i) le mode gestion du sol qui compare un système sans labour (NT) et un système avec labour conventionnel (CT), (ii) les doses d’apport croissant de P minéral sous forme de triple superphosphate (TSP) équivalent à 0, 5, 20 et 50 kg P ha-1 et (iii) les apports de P organique sous forme de fumier (M) ou de résidus de stylosanthès (GM) équivalent à 20 kg P ha-1. Cependant, la combinaison de ces trois facteurs n’était pas complète puisque seuls 14 traitements ont été retenus et chaque traitement a été répété quatre fois. Des prélèvements de sols rhizosphériques et d’échantillons de plante (riz et haricot) ont été réalisés au stade de floraison du haricot et des analyses physico-chimiques et biologiques des échantillons de sol ont été effectuées. Les rendements des deux cultures ont été aussi évalués. Des tests statistiques non-paramétriques à 5% ont été réalisés et les traitements ont été comparés. Les effets du mode de gestion du sol et des formes d’apport de P (TSP seul, TSP+fumier et TSP+résidus de stylosanthès) sur les différents paramètres ont été évalués. Ainsi, les résultats ont montré que les doses d’apport croissant de P ont eu des effets sur la disponibilité du P des sols (P résine) et que cette disponibilité répond mieux à la fertilisation minérale qu’à une fertilisation organo-minérale. Mais en comparant les trois formes d’apport de P, le traitement TSP seul a été le plus efficace chez le haricot. Chez le riz, le même traitement a été le plus efficace pour une dose inférieure à 50 kg P ha-1 mais pour un apport supérieur à cette dose, le traitement TSP+fumier devient intéressant. Par ailleurs, les doses d’apport croissant de P n’ont pas eu d’effets sur le rendement des deux cultures. Le traitement TSP+fumier a permis d’améliorer la disponibilité de l’azote et le rendement des deux cultures par rapport aux deux autres traitements mais il n’a pas permis d’améliorer la disponibilité en P. Aucun effet des apports organiques n’apparaît sur l’activité biologique du sol. Enfin, aucun effet du mode de gestion du sol n’apparaît chez le haricot alors que chez le riz, les effets se sont manifestés sur le pH du sol et le P disponible.